lundi 9 mai 2011

Lettre ouverte à M. JUPPE - Protestation contre la rencontre avec M. Rajoelina

Monsieur le Ministre,

Vous n'êtes pas sans savoir qu'il n'y a plus d'Etat à Madagascar. Cela fait plus de 2 ans que les putschistes se sont emparés du pouvoir entraînant le pays dans une situation socio-économique désastreuse et de plus en plus insupportable pour l’ensemble de la population. En effet, pillage, braderie illégale et permanente du patrimoine national, corruption à tous les niveaux, flambée des prix, et violations graves des droits de l’Homme (intimidations, assassinats d’opposants,...) sont autant de situations graves auxquelles les Malagasy sont confrontés quotidiennement depuis le coup d’Etat de mars 2009.

De plus, en 26 mois de crise, Madagascar a enregistré plus de 2 millions de personnes victimes du chômage, près de 400 prisonniers politiques et près de 1600 enfants mineurs disparus.

Pourtant Rajoelina et consorts, se sentant appuyés par la France, ne cessent de défier outrageusement la Communauté Internationale en continuant dans leur unilatéralisme habituel.

Actuellement, le régime de fait se trouve dans une situation inextricable après le revers infligé par la SADC qui, par la voix de son Président, SEM Hifikepunye Lucas Pohamba non moins Président de la Namibie, a confirmé que les pays membres de la dite Institution refusent de reconnaître le nouveau gouvernement faussement consensuel mis en place par Rajoelina et dirigé par le même Camille Vital. Ils ne se sont pas laissés séduire par les arguments fallacieux des putschistes qui consistent à faire appel à quelques personnes dissidentes et complices animées par la seule recherche d’intérêts personnels pour donner un caractère consensuel au gouvernement Vital 2.

De fait, Rajoelina et son équipe entament une campagne tous azimuts à la recherche de la reconnaissance internationale. Cette démarche est motivée par l’approche de la réunion au sommet de la SADC, le 20 mai 2011, qui sera décisive pour Madagascar et le peuple Malagasy.

C’est dans ce contexte, Monsieur le Ministre, que vous vous apprêtez à recevoir, ce 12 mai 2011, M. Rajoelina, l’assassin de la démocratie et de la liberté à Madagascar, deux idéaux dont l’instauration a été encouragée par la France même dans d’autres pays.

De toute évidence, cette rencontre vaut reconnaissance des autorités de fait par la France qui, représentée par M. l'Ambassadeur Chataigné, n’a jamais caché son soutien aux auteurs du coup d’Etat du 17 mars 2009. A ce titre, elle s’est démarquée des autres Etats Membres de l’UE qui, eux, ont choisi la fermeté et l’intransigeance vis-à-vis des putschistes. Pour preuve, l’UE a qualifié la prise de pouvoir par Andry Rajoelina de «violation flagrante de la démocratie et de l’Etat de droit ». Le représentant de l’Union Européenne à Madagascar, M. Leonidas Tezapsidis, l’a encore confirmé ce lundi 9 mai 2011 à l’occasion de la fête de l'Europe en déclarant que « l’Union (Européenne) maintient sa position ferme pour Madagascar ».

Cette rencontre prévue le 12 mai constitue donc une insulte et une déclaration de guerre au peuple Malagasy épuisé par 26 mois de régime totalitaire.

Aussi, nous demandons à la France de :

· se rallier à la position de l'UE dont elle est membre,

· abandonner toute intention néocolonialiste,

· prendre des mesures strictes et nécessaires contre ce régime putschiste et criminel.

Par ailleurs, nous rappelons qu’à travers son coup d’Etat, le régime putschiste est mis au ban de la Communauté Internationale, que ses membres sont frappés par des sanctions d’ordre politique, économique et diplomatique décidées par l’Union Africaine et applicables par l’ensemble de la Communauté Internationale. Logiquement, la France ne devait pas accorder le visa à M. Rajoelina et sa suite. Elle doit appliquer la résolution prise par l’Union Africaine.

Enfin, Monsieur le Ministre, nous appelons la France à :

· lever l’ambiguïté qu’elle n’a cessée d’entretenir depuis le début de cette crise et qui devient une source de blocage à toute recherche de solution consensuelle et inclusive pour une sortie de crise,

· faire preuve de moins d’arrogance et de mépris en respectant les décisions internationales,

· respecter la souveraineté du peuple Malagasy à choisir son Président,

· s’abstenir de toute forme d’ingérence dans les affaires internes du pays en laissant aux Malagasy eux-mêmes la recherche de solution à la crise,

· soutenir l’effort au retour à l’ordre constitutionnel et à celui du Président démocratiquement élu Marc Ravalomanana, seul gage d’une paix sociale durable pour le pays.


GTT INTERNATIONAL GENEVE – Collectif de la Diaspora

1 commentaire:

  1. oie!inona ity!tena tsy nianatra lay gtt ireto!inona ihany no ipetrahana any andafy sa mamafa trano sy manao gardien?mapalahelo e!

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Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".