vendredi 29 avril 2011

COMMUNIQUE MADAGASCAR : NON à la reconnaissance du régime putschiste

Malagasy Mandresy, Madagasikara Afaka

Peuple Malagasy Gagnant. Madagasikara Libre

Winner Malagasy People. Free Madagasikara


Mesdames, Messieurs,

La situation socio-économique à Madagascar est très chaotique et devient de plus en plus intenable pour l’ensemble de la population. Pillage, braderie illégale et permanente du patrimoine national, corruption à tous les niveaux, flambée des prix, et violations graves des droits de l’Homme (intimidations, assassinats d’opposants,...) sont autant de situations graves auxquelles les Malagasy sont confrontés quotidiennement depuis le coup d’Etat de mars 2009.

Aussi, nous tenons à saluer les efforts déployés par le GIC pour aider les Malagasy à chercher une issue à cette longue crise politique. La réunion au sommet des Etats membres de la SADC à Windhoek et les rencontres préalables entre les 4 mouvances et SEM le Président de la Namibie non moins Président en exercice de la SADC témoignent de cette volonté.

A l’issue de ces rencontres, ce dernier a confirmé que la SADC et le gouvernement namibien ne reconnaissent pas le nouveau gouvernement mis en place par Rajoelina. Cette position est en parfaite cohérence avec celle de l’Union Africaine et de la SADC concernant les changements anticonstitutionnels sur le continent africain.

Cependant, permettez-nous de vous faire part de nos préoccupations quant à l’évolution de la situation afin que vous disposiez d’une vision objective des faits.

En effet, sur le plan politique, Rajoelina et son équipe continuent, non sans arrogance, dans l’unilatéralisme habituel confirmé par plusieurs faits :

· le sabotage de la sortie de crise: les Accords signés de Maputo et d’Addis Abeba sont reniés par le chef des putschistes. De son côté, la France a voulu imposer une feuille de route parallèle qui accorde le plein pouvoir à Rajoelina et empêche le Président élu de rentrer à Madagascar. Cette feuille de route est rejetée par les trois mouvances,

· la tenue du pseudo référendum constitutionnel de novembre 2010 qui, rappelons-le, a été largement boycotté et non reconnu par l’ensemble des instances internationales,

· le recours à de faux partis politiques pour “gonfler” les signataires de la feuille de route parallèle concoctée par la France et Rajoelina et donner ainsi l’impression d’une adhésion massive à la politique de la HAT,

· la mise à l’écart des représentants de la société civile, le CNOSC, qui pourtant incarne le dialogue malgacho-malgache,

· la formation d’un nouveau gouvernement faussement consensuel avec la participation de quelques personnes dissidentes et complices animées par la seule recherche d’intérêts personnels,

· la reconduction de Camille Vital à la tête du nouveau gouvernement, preuve que ce n’est que du changement dans la continuité,

  • le remplacement des élus par des personnes à la solde du régime,
  • la volonté unilatérale et précipitée d’organiser des élections pour le mois de septembre 2011 et ce, avec le concours de la France, de l'OIF et la COI, deux organismes à très forte influence française.

Tout ceci constitue une stratégie mise en place par le pouvoir putschiste, obsédé par la recherche de la reconnaissance internationale, de vouloir induire en erreur la Communauté Internationale.

Aussi, nous demandons à votre pays:

· de ne pas se laisser séduire par les arguments fallacieux des putschistes et de refuser toute reconnaissance officielle à ce régime totalitaire,

· d’œuvrer pour exiger un vrai gouvernement de transition inclusif et consensuel où toutes les mouvances sont représentées conformément aux Accords de Maputo et à l’Acte additionnel d’Addis Abéba,

· de confirmer l’application effective des sanctions décidées par l’Union Africaine à l’encontre des auteurs du coup d’Etat,

· d’ordonner la libération des prisonniers politiques et le retour sécurisé de SEM le Président élu Marc Ravalomanana, seul gage d’une paix sociale durable pour le pays,

· de se porter caution pour l’organisation des élections libres, transparentes et crédibles et ne pas la laisser à d’autres organismes à la solde de l’ancienne puissance coloniale dont d’objectivité et la neutralité sont douteuses.

Mesdames, Messieurs,

En 2 ans de combat contre ce régime dictatorial, le peuple Malagasy a besoin de vous. Nous n’osons pas imaginer un seul instant que votre pays puisse l’abandonner dans sa lutte pour recouvrer la liberté et la démocratie. Le vent de la DEMOCRATIE devrait-il se limiter aux pays du Maghreb et du Proche et Moyen Orient ?

GTT INTERNATIONAL – Collectif de la Diaspora

15, rue des Savoises

Genève – SUISSE

Président: Gilbert Darsot Rasolofoniaina
Vice-Président – Chargé des Relations avec Madagascar: Raharimbahoaka Andriahobijaona

lundi 25 avril 2011

Le règne du banditisme politique à Madagascar, appuyé par la France – Traduction de l'article "Political gangsterism rules in Madagascar, aided by France" de Peter MANN 20.04.11

Le règne du banditisme politique à Madagascar, appuyé par la France – Traduction de l'article "Political gangsterism rules in Madagascar, aided by France" de Peter MANN 20.04.11.
Envoyé par: Cyclone Madagascar (Adresse IP journalisée)
Date: dim 24 avril 2011 12:29:38


Le règne du banditisme politique à Madagascar, appuyé par la France – Traduction de l'article "Political gangsterism rules in Madagascar, aided by France" de Peter MANN 20 .04.11.


Article +++, paru dans Businessday, Sud-Af, en + !

Problèmes bien identifiés, le torpillage de la médiation de l'UA-SADC-USA par la France est clairement évoqué...

J'ai bien aimé la formule "la célébration de l'amour (aux, des) Français", "la peu connue Commission de l'Océan Indien"...

Merci Peter, vous avez bien compris ! SVP continuez à informer sur Madagascar qui souffre d'isolement et des exactions, restrictions de liberté imposées par ces pirates-bandits putschistes.
Mon petit doigt me dit que vous lisez ce forum, je me trompe ? ;-)

Merci, Menja de nous faire connaitre cet article et tant d'autres aussi !
;-))


----------------
TRADUCTION LIBRE

Political gangsterism rules in Madagascar, aided by France
[www.businessday.co.za]

PETER MANN: Gouvernance

Le règne du banditisme politique à Madagascar, appuyé par la France

Publié le : 2011/04/20 07:03:41

MADAGASCAR est peut-être mieux connu comme le nom d'un film fantastique d'Hollywood plutôt que d'un pays, mais d'une récente visite là-bas a révélé un sinistre film d'horreur aux relents des pires excès de l'apartheid.

Tout d'abord, permettez-moi de déclarer mon parti pris. Je suis allé à Madagascar en tant que conseiller du président en exil Marc Ravalomanana, qui il y a plus de deux ans, a été chassé du pays à main armée, dans un coup d'Etat français qui a conduit à l'installation en tant que "président" d'une "haute autorité de transition » de Andry Rajoelina, un ancien disc-jockey de 34 ans élu maire de la capitale, Antananarivo.

Depuis, le pays a été plongé dans une lutte sur son avenir politique alors que le Southern African Development Community (SADC) tente de négocier une «feuille de route" pour la restauration d'un gouvernement constitutionnel.

La Sadc est aux abois pour trouver une solution, et a appelé à un sommet extraordinaire sur Madagascar le 20 mai à Windhoek.
It faces twin, possibly related, problems — full-on, flat-out interference by France in the internal affairs of another country; and the seeming corruption of the Sadc mediation team to the French view.
Elle fait face à deux problèmes liés à l'interférence d'arrache-pied par la France dans les affaires intérieures d'un autre pays, et à la corruption visible de l'équipe de médiation de la SADC vers la vision française.

Après le coup d'Etat en 2009, la SADC et la communauté internationale ont justement déclaré qu'ils n'auraient pas d'échanges avec un homme qui avait pris le pouvoir violemment et ils ont imposé des sanctions sur le régime illégal.

Aujourd'hui, la "feuille de route» des propositions du médiateur de la SADC, l'ancien ministre des Affaires étrangères du Mozambique Leonardo Simao, apparemment avec la complicité de l'ancien président mozambicain Joachim Chissano, est que le chef de la junte peut être nommé président d'un gouvernement de transition, et que le réel, président démocratiquement élu n'est pas invité à revenir de si tôt - de préférence pas avant les élections, si elles peuvent braver cela. (Le langage diplomatique proposée, c'est qu'il sera autorisé à revenir quand et si la situation sécuritaire le permet.)

Ce, dans un climat d'absence totale de droits de l'homme. Il ya des centaines, sinon des milliers, de personnes en détention sans jugement. Et, selon les rapports d'organismes internationaux et de diplomates, la torture est monnaie courante.

Dans son rapport annuel sur les pratiques des Droits de l'Homme selon les pays émis le 8 avril, le gouvernement américain dit que Madagascar est dirigé par un «régime civil non-élu et illégal» et qu'il «n'a pas réussi à établir une administration de transition légitime qui superviserait élections libres et ouvertes pour la restauration d'un gouvernement légal ". Il dit: «les chefs militaires continuent d'affirmer leur autonomie par rapport au pouvoir politique actuel, malgré leur soutien tacite du gouvernement de facto".

Il poursuit: « Les problèmes de droits humains suivants ont été signalés: les homicides illégaux et autres abus des forces de sécurité, les conditions de détention cruelles aboutissant parfois à des décès, les arrestations et détentions arbitraires avec longue garde-à-vue avant le procès, la censure, l'intimidation et les arrestations et les violences contre les journalistes , les restrictions à la liberté d'expression, de presse, et de réunion, restriction du droit des citoyens de choisir leur gouvernement, la corruption officielle et l'impunité, la discrimination sociétale et la violence contre les femmes, et la traite des femmes et des enfants et le travail des enfants, y compris le travail forcé des enfants. "

Deux exemples cités dans le rapport des États-Unis donnent un aperçu des actions du régime. On November 23 last year, regime forces arrested a former judge of the International Court of Justice, Raymond Ranjeva, and his pregnant daughter, accusing Ranjeva of being involved in a November 17 coup attempt. Le 23 Novembre l'année dernière, les forces du régime ont arrêté un ancien juge de la Cour internationale de Justice, Raymond Ranjeva, et sa fille enceinte, accusant Ranjeva d'être impliqué dans une tentative de coup d'Etat du 17 Novembre. Ranjeva a été libéré sous conditions quelques heures plus tard, mais sa fille est restée en garde à vue pour avoir insulté les Forces du régime et a été condamnée à un mois de prison avec sursis.

Des sources malgaches me disent que Ranjeva a été arrêté pour montrer que personne dans le pays n'était "intouchable", et que l'arrestation de sa fille a été conçue pour l'intimider.

Le 15 mai l'an dernier, l'opposant politique Ambroise Ravonison a été violemment arrêté lors d'une interview à la radio. Deux autres personnes interrogées et trois membres du personnel de la radio ont été injuriés, et les équipements de la station de radio ont été vandalisés. Ravonison, un citoyen français, a obtenu une liberté provisoire et a fui le pays.

Le charcutage politique à Madagascar par le régime et son sponsor français défie l'entendement - et le monde ne semble pas s'en soucier d'un iota, occupé par les soulèvements en Egypte, la Libye, la Tunisie, le Yémen et la Côte d'Ivoire.

Le chef de la junte et sa femme restent cloitrés dans leur palais. Ils voyagent seulement dans un convoi de lumières bleues, qui rugit dans les rues étroites de la capitale - sans doute pour les protéger contre les attentats à la bombe.

L'ambassadeur français, Jean-Marc Chataigner, quand il est arrivé le lendemain du coup d'Etat, a été accueilli à bras ouverts par Rajoelina, qui a dit que Madagascar ne se séparerait jamais de la France,.

Il est largement rapporté et cru à Madagascar que Chataigner a un bureau au palais présidentiel. Il est également largement admis que la France finance la faillite du régime. Ses conseillers viennent directement de l'Élysée à Paris.

Il semble que, sous pression de la France, Rajoelina se prépare à tourner le dos à la médiation de la SADC, pensant que le rejet visible de la part de l'Afrique du Sud, la Zambie et le Botswana - pays de la SADC supervisant la "feuille de route" des médiateurs - en faveur du sommet extraordinaire sur Madagascar veut dire que son affaire est en train d'être rejetée par la SADC.

Et donc il y a eu une célébration (fête) d'amour (aux, des) français récemment quand le ministre des Affaires étrangères de l'île Maurice Arvin Boolell, ainsi que des représentants de La Réunion, des Seychelles et de la France, ont rencontré M. Rajoelina, sous l'égide de la peu connue Commission de l'océan Indien.

La stratégie d'inspiration française de Rajoelina semble être un pied de nez à la Sadc, en appelant à son simulacre d'élection en Septembre, et à la reconnaissance de son gouvernement par la France et ses substituts.

La question qui se pose à Madagascar est de savoir si la SADC s'opposera aux Français et ce qu'elle va faire pour arrêter les actions unilatérales du régime, qui sont même en violation flagrante de la feuille de route encore non approuvée de la SADC.

Pour exemple : la feuille de route propose un gouvernement de transition d'unité nationale pour superviser les élections libres et équitables sous contrôle international. Il est dit que si Rajoelina peut être président du gouvernement provisoire, il doit nommer comme premier ministre un candidat de l'opposition. Il a simplement reconduit son propre premier ministre à ce poste. Un homme d'affaires à Madagascar aurait payé 2 millions de dollars au régime pour être nommé au Cabinet.

Pendant que le charcutage électoral se poursuit, la population malgache est victime de pauvreté dévastatrice (plus de 75% vivent avec moins de 10 $ par mois) et d'une rupture totale de leurs libertés civiles par ce qui peut seulement être décrit comme du gangstérisme politique.

Un rapport d'évaluation de l'impact de paix et conflits préparé pour le Fonds des Nations Unies pour l'enfance par le Graduate Institute Centre on Conflict, Development and Peacebuilding l'an dernier dit que "la souveraineté de Madagascar serait bientôt sous la menace".

Il souligne «le cycle de l'extrême pauvreté, l'augmentation de la criminalité, la paralysie des forces armées et la prolifération concomitante des forces de sécurité« alternatives »(milics)", n'est pas de bon augure pour l'avenir".
"Alors que la crise politique se poursuit, les précieuses ressources du pays continuent d'être pillées ... et la population continue à mourir de faim. Avec chaque semaine des pillages de l'île de plus en plus impitoyables ...".

Mann est un ancien journaliste politique devenu conseiller en communication.

CollectifGTT: Le président élu Marc Ravalomanana n'oublie pas les prisonniers politiques

Les familles ont pour pâques recu des présents pour faire quand même une fête en détention.
Près de 85 détenus politiques sont dans les prisons de grand criminel à Tsiafahy

vii 09 110423 Nahatsiaro ireo gadra politika ny Filoha Ravalomanana GTT 1

La famille déplore le retard répété des jugements. Détenus illégalement et laissés sans ressources, les prisonniers politiques réclament que justice soit faites

vii 09 110423 Fikambanana Mahery Fon'ny Firenena 2009 GTT 0

jeudi 21 avril 2011

AMINATA TRAORÉ : L’ART DE VAINCRE SANS AVOIR RAISON EST LE PROPRE DE L’OCCIDENT


L’intervention militaire conjointe de l’« ONUCI » et de la force française « Licorne » relève de l’ingérence, affirme l’essayiste et militante altermondialiste, Aminata Traoré ancienne ministre de la culture du Mali plaide pour une démocratie africaine par et pour les peuples, propre à émanciper le continent du pillage néocolonial.


Aminata Traoré, ancienne ministre de la culture du Mali.

VOUS AVEZ LONGTEMPS VÉCU ET TRAVAILLÉ EN CÔTE D’IVOIRE, QUE RESSENTEZ-VOUS À LA VUE DU CHAOS DANS LEQUEL EST PLONGÉ CE PAYS ?

AMINATA DRAMANE TRAORÉ : Je suis horrifiée. Nous devons cette nouvelle humiliation à notre immaturité politique qui consiste à réduire la démocratie aux élections en perdant de vue le jeu des intérêts dominants et l’asymétrie des rapports de forces.

L’attaque de la résidence du président Laurent Gbagbo et son arrestation ne sont ni plus ni moins qu’une illustration de ce que cheikh Hamidou Khan appelle l’art de vaincre sans avoir raison, qui est le propre de l’Occident.

Je suggère dans ma Lettre au président des français à propos de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général une inversion des priorités de manière à privilégier le projet de société, à faire de l’élection le choix de gouvernants capables de réaliser ce projet dans le respect des aspirations des peuples. Riches de leurs expériences individuelles, les principaux protagonistes de la crise ivoirienne (Laurent Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara et Konan Bédié) auraient pu, dans une telle perspective, diagnostiquer les politiques économiques mises en œuvre et proposer des alternatives au système capitaliste qui a fait de la Côte d’Ivoire un réservoir de matières premières avec les conséquences sociales, politiques et écologiques que l’on sait.

L’absence de débats de fond sur les conséquences catastrophiques du système néolibéral sur l’emploi, l’agriculture et les sociétés paysannes, le revenu, l’éducation, la santé, la cohésion sociale, la relation au pouvoir et à l’argent nuit considérablement à la construction d’une démocratie conforme à la demande des Africains.

Je ne vois pas comment ni pourquoi la démocratie qui est en crise en Occident pourrait faire des miracles en Afrique au point de justifier une expédition punitive. Mais, à propos des dominés, les dominants ne se posent pas ce genre de questions.

COMMENT JUGEZ-VOUS LA PARTICIPATION DES MILITAIRES FRANÇAIS DE LA FORCE LICORNE À L’OFFENSIVE MILITAIRE QUI A DÉLOGÉ LAURENT GBAGBO DE LA RÉSIDENCE PRÉSIDENTIELLE, LE 11 AVRIL 2011 ?

AMINATA DRAMANE TRAORÉ : À ce sujet, on en entend des vertes et des pas mûres de la part des officiels français et des prétendus spécialistes de l’Afrique. Leur thèse peut être ainsi résumée : l’Afrique se mondialise et décide librement de faire du commerce avec les partenaires de son choix, la Chine étant l’un des plus importants. La France et les autres puissances occidentales ne voient pas, semble-t-il, de mal à cette situation. Elles seraient tout simplement soucieuses de nous mettre sur le droit chemin de l’État de droit, qui passe par des élections régulières, transparentes et propres.

Les Ivoiriens n’y seraient pas parvenus tout seuls par la faute de Laurent Gbagbo qui, après avoir été battu, semble-t-il, au deuxième tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 par Alassane Ouattara, se serait accroché au pouvoir.

Les tenants de ce discours le classent aussitôt parmi les dictateurs à qui la France se doit de donner un « avertissement », comme l’a exprimé le premier ministre français, François Fillon, à l’Assemblée nationale. On est stupéfaits par une telle arrogance quand on se réfère à l’opinion que les Français se font de leur démocratie et à la cote de popularité du président Sarkozy, qui est au plus bas.

À mon avis, la France de Nicolas Sarkozy est intervenue militairement, avec les Nations unies en cheval de Troie, pour ce que je considère comme une action de dressage démocratique de l’homme africain. Une bonne partie des populations civiles à défendre ont non seulement présent à l’esprit le discours de Dakar, mais sont parfaitement conscientes des humiliations de l’immigration « choisie » dont le président français est le père. Son nouveau ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, en remet une couche en s’attaquant à l’immigration légale. Si nous comprenons bien, le soutien aux « révolutions » et à la « démocratisation » a des limites. La France nous aime libres et en démocratie. Mais entre nous et chez nous.


PEUT-ON RESUMER LA CRISE IVOIRIENNE À UNE CRISE POST-ÉLECTORALE, A UN CONTENTIEUX ENTRE UN PRÉSIDENT RECONNU PAR LA « COMMUNAUTE INTERNATIONALE » ET UN PENDANT ACCROCHÉ AU POUVOIR ?

AMINATA DRAMANE TRAORÉ : Le contentieux électoral est le prétexte qui, lorsque les enjeux économiques et géostratégiques l’exigent, peut servir de justification à toute sorte d’agression. Mis à part cette instrumentalisation, je ne vois aucune raison de mettre un pays souverain à feu et à sang. Point n’est besoin de rappeler que ce type de contentieux se règle souvent sans qu’aucune goutte de sang ne coule. Nous connaissons bon nombre de cas où les redresseurs de torts ont fermé les yeux sur les fraudes et sont même allés parfois jusqu’à inverser les résultats électoraux.

En somme, loin d´être un problème ivoiro-ivoirien, cette crise est l’une des expressions tragiques de la marche chaotique et macabre du monde depuis la chute du mur de Berlin.

LAURENT GBAGBO NE PORTE-T-IL PAS UNE LOURDE RESPONSABILITE DANS CETTE LONGUE CRISE ?

AMINATA DRAMANE TRAORÉ : Pas plus que la France et les Nations unies qui, depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny, ont joué sans en avoir l’air la carte du « tout sauf Laurent Gbagbo ». Il suffit de se référer à l’édifiant documentaire de Patrick Benquet, la Françafrique, pour comprendre l’ingérence permanente dans nos affaires.

Le passé et le profil de Laurent Gbagbo ne répondent pas aux critères des maîtres du monde dans leur casting des dirigeants des pays dominés. Il fallait qu’il parte. Tous les leviers possibles et imaginables ont été actionnés pour atteindre cet objectif. La mauvaise volonté dans le désarmement de la rébellion, l’asphyxie, ces derniers mois, de l’économie ivoirienne, sans crainte aucune de la souffrance humaine induite par les privations et les pénuries, ainsi que le lynchage médiatique sont autant d’armes au service de l’ingérence et de la déstabilisation.

Je rends personnellement hommage à un homme de courage et de dignité qui a été le premier à défier l’un des hommes politiques les plus puissants du continent africain et à avoir fait de la prison avec sa femme au nom du multipartisme et de la démocratie.

QU’Y A-T-IL DE COMMUN ENTRE LES INTERVENTION EN CÔTE D’IVOIRE ET EN LIBYE ? LA PROTECTION DES CIVILS EST INVOQUÉE DANS UN CAS COMME DANS L’AUTRE, QUE PENSEZ-VOUS DE CETTE INVOCATION, QUI EST UN AUTRE NOM DU DROIT D’INGÉRENCE HUMANITAIRE ?

AMINATA DRAMANE TRAORÉ : Il y a lieu d’étudier de manière approfondie les similitudes et les différences entre ces deux situations. L’une de ces similitudes est l’instrumentalisation des populations civiles qui, dans le cas de la Côte d’Ivoire, sont d’abord victimes de la dérégulation et de la déprotection dans le cadre du libéralisme économique. Contentieux électoral ou pas, les Ivoiriens étaient déjà confrontés aux difficultés croissantes d’accès à l’emploi, à l’alimentation, aux soins de santé.

Ce sort qu’ils partagent avec l’immense majorité des Africains soumis aux diktats du « FMI » et de la « Banque mondiale (BM) » n’est pas de nature à perturber les dirigeants occidentaux qui, subitement, prétendent voler au secours de la veuve et de l’orphelin à coups de missiles « humanitaires ».

L’argument invoqué est le même dans le cas des deux pays en vue de susciter le maximum d’indignation à l’égard des dirigeants que l’Occident a décidé d’évincer.

La différence de taille entre la Libye et la Côte d’Ivoire, c’est que le lâchage de Muammar Kadhafi, qui était devenu un partenaire privilégié, se situe dans la droite ligne de celui de Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie et de Hosni Moubarak en Égypte.

COMMENT JUGEZ-VOUS LE RÔLE JOUÉ PAR LES NATIONS-UNIES TOUT AU LONG DU PROCESSUS ÉLECTORAL, PUIS LORS DE L’OFFENSIVE CONTRE LAURENT GBAGBO ?

AMINATA DRAMANE TRAORÉ : Le rôle joué par l’« ONU » en Afrique est le même depuis la fin des années cinquante. Conçue par les grandes puissances, cette organisation sert leurs intérêts. l’« ONU » n’a jamais été un instrument de paix en Afrique. En 1960, à propos de la mort de Patrice Lumumba, Franz Fanon écrivait  : « Il ne fallait pas faire appel à l’+ ONUONU + n’a jamais été capable de régler valablement un seul des problèmes posés à la conscience de l’homme par le colonialisme, et chaque fois qu’elle est intervenue, c’était pour venir concrètement au secours de la puissance colonialiste du pays oppresseur ». C’est dire jusqu’à quel point il est urgent de repenser le cadre normatif des relations entre les nations. +. l’+

COMMENT LE CONTINENT AFRICAIN PEUT-IL, DANS UN TEL CONTEXTE, REPRENDRE EN MAIN SON AVENIR ?

AMINATA DRAMANE TRAORÉ : L’intervention militaire conjointe de l’« ONUCI » et de la force française « Licorne » en Côte d’Ivoire constitue, de mon point de vue, l’un de ces grands moments de dévoilement de la nature injuste et cynique du monde actuel. L’assujettissement des classes dirigeantes africaines fait partie de l’agenda de l’Occident. Il leur faut aller à l’assaut de l’Afrique pour s’assurer le contrôle des matières premières, des ressources naturelles indispensables à leurs politiques de croissance et de compétitivité face à la Chine.

Nous sommes rattrapés, en Afrique, par des questions de fond qui n’ont pas été examinées avec rigueur. Nous nous devons de les mettre à plat. La première question qui me semble essentielle est : quelle Afrique voulons-nous à la lumière de l’état du monde globalisé, fragmenté et de plus en plus violent ?

Si nous parvenons à nous saisir de cette question au niveau de chaque pays, des différentes sous-régions et du continent en outillant les populations de telle sorte qu’elles puissent s’impliquer à fond dans l’analyse de l’état des lieux, la formulation, la mise en œuvre et le suivi des solutions pourront jeter les bases d’une démocratie africaine par et pour les peuples.

C’est un chantier gigantesque, mais exaltant, qui n’a rien d’impossible si les élites acceptent enfin de se réconcilier avec le continent.

http://tsimokagasikara.wordpress.com/2011/04/21/aminata-traore-lart-de-vaincre-sans-avoir-raison-est-le-propre-de-loccident/

mardi 19 avril 2011

Air Madagascar interdit d’Europe

Air Madagascar interdit d’Europe
Publié le 19 avril 2011 par tsimoka

Les deux Boeing 767-300 d’Air Madagascar assurant les longs courriers ne devraient plus avoir le droit de se poser sur les aéroports européens. Ils devraient être placés sur liste noire par la Conférence européenne pour l’aviation civile (CEAC), l’instance européenne chargée de contrôler le niveau de sécurité de tous les appareils desservant l’Europe. Air Madagascar ne peut donc plus desservir Paris et Marseille. La décision d’interdiction sera notifiée à la compagnie ce mercredi 20 avril ou ce jeudi 21 avril 2011. Les rotations régionales moyens courriers effectuées par la compagnie malgache entre Madagascar, La Réunion et Mayotte ne devraient pas être concernées par cette interdiction

Mardi 19 Avril 2011
Air Madagascar interdit d'Europe

Un Boeing 767 300 de la compagnie Air Madagascar (Photo: Rob Finlayson)

Air Madagascar était dans le collimateur des autorités de la sécurité aérienne européenne depuis janvier 2011. Les dessertes longs courriers de la compagnie sont assurées par deux Boeing 767-300 datant de 1991. Ils réalisent toutes les semaines cinq rotations Antananarivo – Paris dont une via Marseille et une via Moroni (Comores) ainsi que deux rotations Antananarivo – Guangzhou (Chine) via Bangkok (Thaïlande). L’un des appareils effectuant la rotation Tananarive – Paris a été contrôlé par la CEAC à Paris sur l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, comme le sont régulièrement tous les appareils se posant sur le sol européen.

L’appareil est contrôlé selon la procédure SAFA (Safety Assessment of Foreign Aircraft – un protocole de vérification du respect des normes de sécurité des avions). L’inspection détermine alors une anomalie qu’elle qualifie de «grave» sur une trappe du fuselage. Un problème de sécurité majeur selon la CEAC.

Le B 767-300 en cause est immédiatement cloué au sol par la CEAC. Il restera trois jours à Paris. Il reprendra les airs, à vide, après avoir été réparé, mais le mal est fait. Cela d’autant plus que le contrôle du second B 767-300 de la compagnie malgache laisse apparaître un certain nombre de manquements – moins importants que celui de la mauvaise fermeture de la soute -, aux règles européennes de sécurité.

Dans un communiqué publié ce lundi, la compagnie malgache affirme, en substance, s’être pliée à toutes les exigences du protocole SAFA. Cela n’a visiblement pas suffit. Dans son communiqué Air Madagascar dit «accepter et positiver ces remises en question qui n’ont comme objectif que l’amélioration continue de son exploitation».

Le transporteur aérien fait aussi remarquer qu’il est une compagnie majeure sur l’océan Indien, qu’il fête ses 50 ans et qu’il n’a jamais eu de problème majeur. La compagnie souligne que son centre de maintenance d’Antananarivo, où sont effectuées toutes les « grandes visites » des avions (démontage complet, inspection et maintenance des appareils) bénéficie de tous les agréments internationaux dont «le JAR 145 et IOSA qui viennent d’être renouvelés».

La décision de la CEAC n’affecte pas les liaisons régionales effectuées par Air Madagascar. Les 11 rotations entre la Grande Île et La Réunion et les 9 en direction de Mayotte continuent sans problème. Il en va de même pour les vols en direction de l’Afrique du Sud, des Comores, du Kenya et de Maurice Ces vols sont effectués par des ATR 42 et 72 ainsi que par des Boeing 737-300. Les vols longs courriers en direction de Guangzhou (Chine) via Bangkok (Thaïlande) sont également maintenus.

Concernant la desserte vers l’Europe, la direction d’Air Madagascar est à la recherche d’un avion de location et de places à acheter sur les compagnies régulières afin d’assurer les rotations normalement. Un code share (accord de coopération pour la commercialisation des places) a d’ailleurs récemment débuté avec Air France.

Mahdia Benhamla pour www.ipreunion.com

NAMIBIE: LES TROIS MOUVANCES RECUES PAR LE PRESIDENT EN EXERCICE DE LA SADC

Ce lundi 18 avril 2011 à 15h30, une délégation mandatée par les Trois Mouvances, composée de Messieurs Henri Roger RANAIVOSON, Olivier ANDRIANARISOA et Brian CURRIN, a été reçue en son Palais par S.E.M Hifikepunye POHAMBA, Président de la République de Namibie et Président en exercice de la SADC dans le cadre de la poursuite des négociations de sortie de crise telle qu'elle a été décidée par la Troïka de la
SADC le 31 mars 2011.

En ouverture de réunion officielle, le Président POHAMBA a réitéré sa volonté d'aider Madagascar à trouver une solution rapide et pérenne à la grave crise institutionnelle et politique actuelle, et a appelé l'ensemble des mouvances politiques malgaches à s'y atteler afin que la pauvreté galopante de la population malgache et sa souffrance, dues à la trop longue durée de cette crise, cessent.
Pour sa part, la délégation des Trois Mouvances a rappelé au Président en exercice de la SADC que depuis Novembre 2009, une solution consensuelle et inclusive a été trouvée et qu'une série d'accords a été signée par l'ensemble des mouvances représentatives du Peuple malgache, y compris celle représentant la HAT, ce sous
l'égide du Médiateur, le Président CHISSANO, et avec le contreseing des représentants de la communauté internationale.

Elle a également souligné que l'aggravation de la pauvreté de la population malgache et la dilapidation du patrimoine écologique de Madagascar sont la conséquence directe de la mal-gouvernance de la HAT et de son refus d'appliquer les accords qu'elle a pourtant signés et qui ont valeur constitutionnelle.

La délégation des Trois Mouvances a réitéré qu'une Transition consensuelle, inclusive et transparente, telle qu'elle est seule envisagée par la SADC et la communauté internationale, est indispensable pour parvenir à un apaisement général du climat politique à Madagascar, une telle pacification impliquant par ailleurs la libération de tous les détenus politiques, le retour des exilés et l'enclenchement d'un processus électoral pour des élections libres, démocratiques et transparentes placées sous l'égide de la communauté internationale.

La délégation des Trois Mouvances a aussi tenu à faire part au Président en exercice de la SADC de la singularité des démarches récemment entreprises à Madagascar par la Commission de l'Océan Indien et l'Organisation Internationale de la Francophonie, lesquelles se sont intempestivement immiscées dans le cours actuel des négociations qui sont de l'exclusivité de la SADC et de l'Equipe internationale de Médiation du Président CHISSANO spécialement mandatée par la communauté internationale et acceptée par toutes les parties prenantes malgaches.

Le 19 avril 2011
Le Porte Parole de la Mouvance Ravalomanana
Guy Rivo RANDRIANARISOA

COMMUNIQUE 19 Avril 2011

Naika Eliane: Madagascar : le nombrilisme d’une dictature en disgrâce.

Madagascar : le nombrilisme d’une dictature en disgrâce.

Aux dernières nouvelles, rien ne présage que le chef putschiste soit disposé à remettre le pays sur les rails de la démocratie. A en croire ses dernières déclarations, Andry Rajoelina, semble, au contraire, s’embastiller dans son autisme en ignorant ses propres responsabilités sur les dérives dictatoriales commises dans le pays depuis qu’il est au pouvoir, et ce en dépit du dernier rapport affligeant du Département US, sur la violation du droit de l’homme à Madagascar. Pire, il impute à la communauté internationale une manœuvre discriminatoire en refusant la reconnaissance à Madagascar alors qu’elle agrée « la révolution du jasmin ».

Dès lors, le peuple malgache, accablé par bientôt trois ans de gouvernement de fait, perd tout espoir d’une sortie de crise fondée sur la réconciliation nationale, l’abandon de toute velléité unilatéraliste en vue d’une transition plus respectueuse des valeurs républicaines.

Il est navrant de constater que le putschiste feint d’oublier qu’il a été l’auteur d’un coup d’Etat et de ce fait, il est interdit de tout exercice de pouvoir, si l’on se réfère aux accords de Cotonou et à la Charte Africaine sur les droits de l’homme. Sans omettre que son statut de Président de la Transition a été décidé dans le cadre des accords de Maputo dont la caducité n’est plus à démontrer, depuis qu’il a, de son plein gré, renié sa propre signature et jeté à la poubelle le précieux travail malgacho-malgache pendant lequel, rappelons-le, les médiateurs internationaux (UA, SADC, etc.) n’ont joué que leur rôle de facilitateurs.

Andry Rajoelina feint d’oublier que depuis sa prise du pouvoir par la force, il n’a jamais déployé tout l’effort nécessaire pour la mise en place d’une transition véritablement neutre, consensuelle et inclusive.

Enivré par son ambition inavouée de gagner à tout prix la prochaine élection présidentielle, Andry Rajoelina ne cesse de se comporter comme un apprenti dictateur en multipliant des actes anti-démocratiques.

Propulsé au pouvoir grâce à un coup d’Etat militaro-civil, le putschiste entame sa dictature par la manipulation d’un forum national destiné à préparer l’élaboration de la constitution de la 4ème République. Tout a été manigancé pour écarter ses adversaires politiques, en l’occurrence les trois mouvances et bien d’autres partis d’envergure. Le forum a bel et bien accouché une piètre Constitution soumise, quelques semaines plus tard, à un référendum populaire jugé par les sociétés civiles malgaches comme étant la pire consultation populaire que Madagascar n’ai jamais connue.

Après avoir verrouillé la HCC (Haute Cour Constitutionnelle) et le CSM (Conseil Supérieur de la Magistrature) par la nomination aux seins de ces institutions ses partisans, le putschiste n’a pas omis de faire table rase du parlement de façon à mieux donner libre cours à son projet totalitariste. Le CST Conseil Supérieur de la Transition) et le CT (Congrès de la Transition) ont vu le jour dans le but de pallier au vide juridique. Mais le peuple ne peut pas s’y reconnaître, compte tenu du fait que ces deux chambres ne sont composées que des personnes désignées par Andry Rajoelina.

Certes, le CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) a été crée pour se substituer au Ministère de l’Intérieur afin de se conformer aux conditions requises par la communauté internationale pour garantir la neutralité des opérations électorales. Mais, les faits sont assez explicites pour démontrer que le CENI, en travaillant sous l’autorité de la HAT, perd toute son indépendance et devient un instrument à sa solde.

Bref, tous les ingrédients sont là afin de faciliter le processus unilatéraliste concocté par le putschiste pour servir son objectif obstiné de confisquer le pouvoir.

Quant au respect du droit de l’homme, le rapport du département US a largement relaté les diverses violations perpétrées par le pouvoir putschiste. Inutile de s’y attarder pour étançonner la thèse sur le caractère dictatorial du pouvoir actuel. S’il est une chose sur laquelle j’aimerais attirer l’attention des lecteurs- en corroborant, d’ailleurs, la récente lettre adressée par le professeur Zafy Albert à Andry Rajoelina, c’est que l’Etat malgache ne repose sur aucune base constitutionnelle. J’estime que la pire des situations, c’est d’être gouverné par un pouvoir fondé sur aucun cadre légal, donc des gouvernants qui ne sont plus redevables à son peuple sur quoi que ce soit, de façon à favoriser l’instauration d’un régime totalitaire où prévaudrait la loi du plus fort.

Le paroxysme de la manœuvre dictatoriale du pouvoir putschiste est à chercher dans la manipulation de la fameuse feuille de route de sortie de crise. Andry Rajoelina a brouillé les cartes au nom d’un prétendu dialogue malgacho-malgache, et argué le caractère inclusif de sa démarche par la mise en place d’un gouvernement dont la formation a été une affaire interne de son propre camp. En effet, Andry Rajoelina n’a pas estimé nécessaire de partager la transition avec ceux qui ne se recrute pas parmi ses partisans et préfère, une fois de plus, opter pour l’unilatéralisme. L’attribution de postes ministériels à certains membres des trois mouvances a été scénarisée par le pouvoir putschiste pour faire croire à la communauté internationale que l’inclusivité tant décriée par celle-ci est en bonne marche. Or, personne n’est dupe. Il s’agit plus d’un débauchage que d’une franche participation des trois mouvances, sachant qu’aucun mandat permettant à ces membres dissidents d’accepter ces portefeuilles n’a jamais été donné. Sans oublier que, le Premier Ministre a été redésigné, une reconduction qui ne peut être comprise que comme une pure provocation à l’endroit de la communauté internationale et des trois mouvances qui n’ont eu de cesse que la neutralité du Premier Ministre soit une nécessité impérieuse pour la réussite de la transition.

Au demeurant, le pouvoir putschiste continue à gérer le pays comme bon lui semble. Certes, Madagascar n’a pas connu les déplorables massacres de Duékoué (Côte d’Ivoire), mais l’entêtement du putschiste à aller vers l’élection, contre vents et marrées, ne fait que conforter son appétence à confisquer le pouvoir par la dictature, au détriment de l’aspiration de tout un peuple qui ne demande qu’à vivre dans un pays réconcilié et un Etat rebâti sur de nouvelles bases réellement démocratiques.

Personne, d’ailleurs, ne peut accorder le moindre crédit à une élection présidentielle organisée dans un contexte où la dictature reprend ses lettres de noblesses au sein d’un appareillage acquis à la cause du pouvoir putschiste. En tout cas, la tenue d’un tel rendez-vous électoral tranche avec le desideratum du peuple malgache à mieux refonder la nation sur les fondamentaux républicains afin de mettre un terme aux crises cycliques qui minent son pays depuis maintenant vingt ans environ.

Que le putschiste ne se lamente pas de la non-reconnaissance de notre pays par la communauté internationale dans sa démarche foncièrement égocentrique préjudiciable à toute recherche de sortie de crise, une attitude qui ne fait que plonger la grande île dans un profond abîme sans nom. Espérons qu’à l’issue de ce déplacement en terre namibienne, Andry Rajoelina change son fusil d’épaule pour ne plus se comporter comme un dictateur replié sur lui-même, mais un vrai démocrate soucieux d’un avenir radieux de son pays.

Naika Eliane
http://elianenaika.blogspot.com/

vendredi 15 avril 2011

Non aux manoeuvres colonialistes de la France

Malagasy Mandresy, Madagasikara Afaka

Peuple Malagasy Gagnant. Madagasikara Libre

Winner Malagasy People. Free Madagasikara

Le contexte international est certes dominé par les évènements de la Côte d’Ivoire et de la Libye, mais nous nous devons de rappeler que Madagascar se trouve encore dans la crise politique où elle est plongée depuis plus de 2 ans. Malgré les discours, l’image et le message véhiculés par le pouvoir putschiste obsédé par la recherche de la reconnaissance internationale, rien n’est réglé sur le fond.

En effet, la proposition de feuille de route élaborée par l’équipe de M. Simao qui, dès son essence même souffrait de l’absence de consentement des 3 mouvances légalistes, a été désapprouvée par la Troika de la SADC réunie à Livingstone (Zambie) en mars dernier. Cette dernière a rappelé que toute recherche de solution à la crise doit se faire dans le cadre des Accords de Maputo de 2009 à savoir, consensualisme et inclusivité. Rappelons que la médiation menée par M. Simao présente nombre de dysfonctionnements dont:

· le recours à de faux partis politiques pour “gonfler” les signataires de la feuille de route,

· l’exclusion des grands partis représentatifs de la communauté nationale qui comptent en leur sein plusieurs élus,

· la mise à l’écart des représentants de la société civile, le CNOSC, qui pourtant incarne le dialogue malgacho-malgache.

Par ailleurs, force est de constater que l’ingérence de la France constitue le principal blocage au processus de sortie de crise. Elle a saboté depuis le début les efforts menés par la SADC en voulant imposer sa feuille de route dont les principales dispositions présentent un caractère complaisant vis à vis du régime putschiste. C’est tout simplement inacceptable à nos yeux.

Nous exigeons donc de la France de cesser toute interférence empêchant la SADC de mener à bien ses efforts de médiation. Le peuple Malagasy en a assez de cette manoeuvre françafricaine qui n’apporte que malheur et souffrance pour lui. Madagascar est un pays INDEPENDANT et SOUVERAIN avec les droits et égards qui y sont attachés.

Nous demandons à la Communauté Internationale de :

· appliquer sans délai les sanctions prononcées par l’Union Africaine à l’encontre des putschistes, soutenir les efforts et décisions de la SADC,

· ne pas reconnaître le régime putschiste de Rajoelina qui essaie d’utiliser moultes manoeuvres pour tromper la Communauté Internationale. Ce n’est pas en intégrant, au sein du nouveau gouvernement de Camille Vital, quelques dissidents complices animés par la recherche d’intérêts personnels que l'on pourrait lui donner un caractère consensuel et inclusif.

En outre, nous exigeons:

· le retour sécurisé du Président Ravalomanana, seul gage d’une paix durable pour le pays,

· la libération de tous les prisonniers politiques,

· la mise en place d’un vrai gouvernement consensuel et inclusif,

· l’organisation des élections avec l’aide de l’Union Europeenne.

Enfin, la situation socio-économique est chaotique et devient de plus en plus intenable pour l’ensemble de la population: pillage, braderie illégale et permanente du patrimoine national, corruption à tous les niveaux, flambée des prix, et violations graves des droits de l’Homme,...

Des mesures concrètes doivent être prises sinon les conséquences pourront être catastrophiques.

GTT INTERNATIONAL – Collectif de la Diaspora

15, rue des Savoises

Genève – SUISSE

dimanche 10 avril 2011

Lettre des trois mouvances: Les trois mouvances refusent une COI partisane comme médiateur

vii 09 110408 Lettre mouvance avril2011

Madagascar Environmental Justice Network: Rajoelina vend le pays aux chinois

Madagascar Environmental Justice Network
Scholars, Activists & Professionals: Social Impacts of Natural Resources Policy

A message to all members of Madagascar Environmental Justice Network

Further to the World Development Movement news release circulated earlier, the article below might be enlightening in some ways. One question might be: should those concerned by the Tar Sands issues look to London, RBS and Madagascar Oil, to France and Total or perhaps further to the East at China Songanol and the China International Fund.....?
Election funds? Try Hong Kong
http://www.africa-asia-confidential.com/article/id/521/Election-funds%3F-Try-Hong-Kong
Antananarivo is looking for resource deals with Asian financiers to raise cash for an election campaign for interim leader Andry Rajoelina
February 2011

The transitional regime led by Andry Rajoelina is threatening to cancel oil exploration licences held by Western investors and hand them to the Hong Kong-based China International Fund. Rajoelina, who seized power with army support in March 2009, needs money to fight presidential elections due in mid-year, which are shaping up to be a bitter confrontation with desposed President Marc Ravalomanana and several other candidates.

Refusing to recognise Rajoelina’s legitimacy after the putsch that brought him to power, the Southern African Development Community, the African Union and the European Union are demanding strict conditions for a return to constitional rule in Madgascar. However, Rajoelina has been able to build up a strong local political support base and win finance on natural resource deals from Indian, Chinese and Pakistani companies.The immediate targets for the Rajoelina regime are the four licences held by London-listed Madagascar Oil, whose operations at the Tsimororo oil field are now subject to a state audit. If the audits find that Madagascar Oil has breached local regulations, the state will press its claims to buy back the licences.

State officials in Antananarivo are also planning to audit the operations of Ireland’s Tullow Oil, India’s Essar, and two British companies, Sterling Energy and Wilton Petroleum – all of which would be subject to sanctions for any operational lapses. These licences could then be taken up by a new holding company, a joint venture between the Malagasy States and the China International Fund (CIF) to invest in local mining projects and business activities.

Hery Rajaonarimampianina, the Finance Minister, says he will release more details before the end of March. According to Mamy Ratovomalala, Mines and Hydrocarbons Minister, the plan is to evaluate all oil and mining exploration projects and take away licences from companies breaking mining laws or not pushing ahead quickly with production plans. Ratovomalala will likely reassign many of the oil licences to CIF’s partner China Sonangol, which has been operating in Angola and Guinea.

A joint-venture holding company between Madagascar and the CIF was launched at a 15 December Conseil des Ministresmeeting. The meeting authorised the creation of the Madagascar Development Corporation (MDC), which will manage the company’s projects throughout the country, the same structure used in Guinea (AAC Vol 2 No 12). The MDC plans to work on agricultural, industrial, tourism and mining projects. CIF will take 85% of the equity; the Antananarivo government will take 15%. Key to these deals with the Rajoelina regime is Mahmoud Thiam, Guinea’s former Mines Minister and now director of CIF’s Guinean subsidiaries.

In what may be the first takeover by the CIF-led venture, Mines Ministry officials called Madagascar Oil executives to a meeting in Antananarivo on 26 January. The officials explained the Ministry’s programme of audits and formally requested to buy back the company’s licences on oil blocks 3104, 3105, 3106 and 3107.

The Office des mines nationales et des industries stratégiques in Antananarivo had warned Madagascar Oil about the audit in a letter after a meeting in mid-December. The audit of Madagascar Oil’s production sharing agreement would take over month, say officials. Yet on 24 January, Minister Ratovomalala referred to a new $1.2 bn. natural resources project that had started up without giving precise details.

Madagascar Oil says it has invested over $200 million in the Tsimiroro oil project. The government plans for an audit comes just as the company was listing on London’s Alternative Investment Market. The Tsimiroro fields have at least 200 mn. barrels of oil, but some claim it could yield more than 3 billion barrels. Given Madagascar Oil’s substantial investment in the project, the government’s decision is likely to be strongly contested.

So far, the two sides are talking about the status of the production-sharing contracts, but not the Bemolanga licence, part-owned by international giant Total. The government may use the $7 mn. in back taxes owed by Total in 2010 as a lever to push the company off its licence.

One company unlikely to be disturbed by the audits is Sino Union Energy Investment Group (Sunpec), which holds rights to Blocks 2101, 2104, 3112 and 3113. Sunpec and its other Chinese partners struck oil on block 3113 in October. In November, Sunpec named Yves-Roger Rajoelina, the President’s father and a retired army colonel, as its special advisor.

Yet the CIF’s track record on raising finance in Angola and Guinea suggests it will take months before the regime gets paid for any reassigned licences or gets revenues from the joint venture projects. CIF – set up in Hong Kong in 2003 and operating sometimes in Singapore – is a private company whose real financial capacity is in doubt. But the reality is that Madagascar’s beleaguered Haute Autorité de la Transition (HAT) regime, led by Andry Rajoelina, has been struggling to find financing from any source.

Foreign-aid givers have blocked new credits since mid-2010 as they do not recognise the HAT as legitimate and previous financing deals are expiring. Budgetary discipline has enabled Antananarivo to keep paying salaries and basic charges but new development projects have almost ground to a halt despite assurances from Rajoelina.

The regime needs cash both to maintain its popular support and to strengthen Rajoelina’s hand in negotiations overseen by SADC and the AU. Rajoelina is pressuring his rivals, including former Presidents Marc Ravalomanana, Albert Zafy andDidier Ratsiraka, into accepting the presidential elections that the regime plans for mid-year.

The regime has had some success in persuading China to provide investment for mining projects. In mid-2010, Hong Kong Wisco Guangxin Kam Wah Resources paid a US$100 mn. signature bonus to a presidential fund for rights to the Soalala iron ore deposit (AAC Vol 3 No 10).

Yet there are already problems with the consortium’s commitment to finance the Soalala project. Kam Hing International Holdings, a Hong Kong-based garment company in China and Madagascar, now says it was a stalking horse for other interests. On 1 February, Kam Hing announced that it would sell 75% of Kam Hing International Limited, which holds 20% of the Soalala mine, for $30 mn. Under the deal, Kam Hing gets another payment of up to $70 mn. if the consortium finds that Solala contains more than 200 mn. tonnes of ore.

The new owner of the 75% stake is an as-yet unnamed Chinese parastatal which needs approval from the China’s National Development and Reform Commission to make payments. Other investors in Soalala are state-owned Wuhan Iron and Steel (Wisco) and the state-owned Guangdong Foreign Trade Group.

Prospects for CIF’s deals in Madagascar are uncertain given doubts about its financial and management capacity as well as the economic stagnation and political instability in the country. Another risk is the Rajoelina regime’s lack of international recognition. A future Malagasy government may renegotiate deals signed with the transitional regime. Yet for now Rajoelina is the favourite to win any election after the political negotiations – despite his earlier promise not to run.



Many thanks to the person who submitted this item above, it is much appreciated!


Visit Madagascar Environmental Justice Network at: http://madagascarenvironmentaljustice.ning.com/?xg_source=msg_mes_network

dimanche 3 avril 2011

Se souvenir des massacres de 1947 contre le peuple malgache

http://yahoo.bondyblog.fr/201103311233/%C2%ABraconte-nous%C2%BB-les-massacres-de-1947-contre-le-peuple-malgache/
Jusqu’au 5 avril, une exposition à l’Université de Nanterre montre ce qu’ont été les souffrances indicibles de dizaines de milliers de victimes, mortes pour s’être révoltées contre la puissance coloniale française.

29 mars 1947. Une date sombre pour l’Ile Rouge, celle de la répression coloniale française. Odeurs de sang, d’excréments et de poudre : des dizaines de milliers de morts à partir de ce jour-là jusqu’à la fin de 1948. 89 000 selon un rapport de l’état-major français en 1949. Un chiffre ramené à 40 000 morts environ depuis par plusieurs historiens. Jean-Luc Raharimanana, écrivain et auteur de « Madagascar 1947 » est à l’origine de l’exposition « 47, Portraits d’insurgés » qui se tient jusqu’au 5 avril à l’Université de Nanterre. Pour ne pas oublier ce qui n’a qu’un nom : un terrible massacre. Madagascar c’était la France et le gouvernement français avait ordonné une répression féroce pour « mater » une insurrection des « indigènes » contre l’« occupant ».

Des scènes, des portraits et une sépulture tapissent les murs du hall du bâtiment B. Des étudiants, des professeurs et des vieillards mal à l’aise devant des visages qui sont l’Histoire. Les mots apparaissent comme inutiles quand les visages parlent à leur place. Celui d’Henriette Rita, le corps décharné, les orbites enfoncées. Elle avait 14 ans en 1947. Etait encore à l’école. Elle raconte les avions et « les Blancs », soldats et civils, qui brûlaient les villages. Les coups de feu incessants, sa fuite dans les forêts de caféiers où elle est tombée malade. Mourir sous le plomb ou mourir de faim.

La forêt, réputée pour être un lieu sûr, s’était transformée en porte de l’enfer. La nourriture était inexistante. Les soldats français répandaient des poisons qui provoquaient de graves plaies au contact de la peau. Dans une guerre qui n’en portait pas le nom et qui se voulait psychologique, les avions larguaient des photos sur les villages. Des photos de cadavres rongés par les infections, les chairs éclatées par les balles. Des femmes enceintes au ventre ouvert par les coups de sagaie. Henriette a tout vu. Les stigmates sont toujours sur son visage.

Elle a survécu, mais c’est comme si elle était morte avec eux, attendant que l’on vienne la soulager du lourd silence qui pesait sur sa mémoire. « Trahison des Français » qui se sont assis sur la charte de San Francisco promettant la liberté à tous les peuples du monde. « Hier je suis tombée, je suis fatiguée, je n’ai pas d’argent et le médecin est loin. Je suis vieille. J’ai très mal. L’os est brisé. Mais c’est étrange, personne n’est jamais venu me demander de raconter ce qui s’était passé. Tu es venu aujourd’hui et je vais mourir », dit Henriette à un Français qui a recueilli des témoignages de victimes.

Un peu plus loin, Paul Ralaivao semble tout droit sorti de la Nouvelle Orléans. Chapeau en paille et barbe blanche de quelques jours, il sourit. Tristement. Un blues semble baigner ses yeux noirs. Des rides faussement rieuses au coin des yeux. Quand on a connu la guerre et l’odeur de putréfaction se dégageant du corps de sa mère ou de ses sœurs, le sourire n’est plus vraiment un sourire. Mais la victoire d’un honneur retrouvé, d’une reconnaissance de l’horreur vécue.

Il ne dit rien. Il ne fait que sourire. A-t-il connu le bagne ? Les travaux forcés? A-t-il fait partie de ceux qui sont montés dans le bateau, étaient-ils de ceux qui ont été obligés de se coucher sur le ciment brûlant après s’être fait broyé les rotules par les coups de crosse ? A-t-il été soumis pour prix de sa survie ? A-t-il raconté tout cela à ses enfants et ses petits enfants quand ils lui demandaient « Raconte-nous quand tu étais jeune »? Est-ce qu’il sourit parce qu’il peut enfin montrer à un « Blanc » ce qui a été perpétré en son nom ?

Cela pourrait bien être le cas de Zacharie Rafetison, 91 ans, aujourd’hui président de l’Association des anciens combattants. Le visage sévère, les bras croisés contre sa poitrine, son regard n’est pas celui d’un vieillard mais d’un combattant qui ne semble pas vieillir. Face au photographe, il est muet. Un Malgache présent à l’exposition lui demande : « Pourquoi tu ne parles pas ? Tu as toujours voulu te confronter à un Blanc et aujourd’hui tu te tais ? »

Il serre la mâchoire, se redresse et déclare : « Tu veux savoir, tu veux ? Je suis heureux qu’un garçon comme toi veuille savoir. Mais il te faut prendre ton temps. Ecouter. Avoir le courage. Tu as emmené ton ami blanc. Ton ami français. Il est venu. Je parle sa langue mais sa langue me brûle. J’ai 91 ans. Cela fait soixante ans que je n’ai pas parlé à un Français. Cela fait soixante ans que j’ai survécu à 47. Nos mains étaient nos bourreaux. Pas de toilettes dans la prison. Pas d’eau. On s’essuyait avec nos mains. On mangeait avec nos mains. Et nos ventres malades. Et nos diarrhées. Pas de cuiller. Pas de fourchette. Pas de papier. Nous mangions avec nos mains. Et nous en mourrions. Les Français n’avaient pas besoin de nous tuer, nos mains s’en chargeaient. Tu te tais ? Oui, tu as le droit. »

Dans cette prison où il a croupi, d’autres prisonniers arrivaient alors qu’il n’y avait plus de place pour les accueillir. Où les « stocker » ? Ceux que menaient la répression ont alors gazé ces hommes qui tombaient les uns après les autres. Zacharie s’en est sorti, en plaçant ses mains contre sa bouche et son nez, se réfugiant sous les cadavres, dans la merde et le vomi. Ces mains tueuses lui ont sauvé la vie. « Cette odeur est l’odeur de ma survie, cette odeur, l’odeur de la merde. »

Aude Duval

Pour en savoir plus :
Jacques Tronchon, « L’insurrection malgache de 1947 », éditions Karthala.
Film « Tabataba » (1988), de Raymond Rajaonarivelo, diffusé dans le cadre de l’exposition

Sunday Times: La "feuille de route" dessinée pour donner le plein pouvoir à Rajoelina est rejetée par la SADC

Article Sunday Times - 03 04 2011

samedi 2 avril 2011

MEUROPE: Déclaration des trois principales mouvances politiques suite aux décisions de la Troïka

Bienvenue au sommet extraordinaire de la SADC sur la feuille de route

Johannesburg, le 1 avril 2011 - A Madagascar, les trois principales mouvances politiques - qui représentent plus de 80% de la population malgache - ont salué l'annonce par la SADC «Troïka» sur la convocation d'un sommet extraordinaire d'urgence pour Madagascar. Ils ont réussi à tirer Madagascar du bord du gouffre.

S'exprimant à son nom et au nom des anciens présidents Ratsiraka et Zafy, dirigeants des grands mouvances politiques, le président malgache Marc Ravalomanana a déclaré: «Nous sommes ravis que la feuille de route de la SADC n'aie pas été acceptée par la troïka et qu'ils ont effectivement tenu à réaffirmer que le régime à Madagascar a été et reste toujours illégal.

«Nous avons maintenant une chance de travailler pour ramener la paix dans notre pays. L'action unilatérale en cours est abandonnée, et nous pouvons travailler avec l'équipe de médiation pour monter un gouvernement d'unité nationale.

"Il est important de souligner que le communiqué officiel de la réunion de la troïka, réitère ses décisions de Mars 2009 sur la nécessité urgente de restaurer l'ordre constitutionnel dans Madagascar, et réfute fermement les actions du chef de la junte qui agit unilatéralement en tentant de mettre en place son propre gouvernement.

"Il est également à souligner que le communiqué engage à nouveau à un dialogue Malgacho-malgache qui doit être guidé par le consensus, l'inclusivité et la transparence », a dit le président Ravalomanana.

"Ce qui se passe Madagascar est exactement le contraire. Le régime tente de faire avancer sans consensus, car aucune des trois grandes mouvances politiques n'ont accepté la feuille de route de la SADC. Il n'y a ni inclusivité et ni transparence dans leur démarche. Par ailleurs, le régime continue de mettre en détention les opposants politiques. Le régime prend soin de garder les principaux acteurs politiques en dehors du pays.

"La troïka semble avoir reconnu que la feuille de route proposée est vouée à l'échec.

Leur intervention nous a donné de l'espoir. Ils ont reconnu que le seul moyen de restaurer la paix à Madagascar est l'organisation d'élections libres et justes sous l'égide de la communauté internationale.

"Les trois mouvances politiques sont prêts à jouer leur rôle honnêtement et ouvertement, et rejette toute violence. Nous nous efforçons de participer pleinement à l'avenir politique de notre pays », a-t-il dit.


Fin

Patrick Gearing, Communications Meropa

vendredi 1 avril 2011

Communiqué officiel de la mouvance Ravalomanana

La Mouvance Ravalomanana salue les sages décisions prises par la Troïka de la SADC telles qu'elles sont résumées dans son Communiqué du 31 mars 2011, notamment en ce qu'elles:
- rappellent et réitèrent, en point 6 dudit Communiqué, les décisions prises le 30 mars 2009 par le Sommet Extraordinairede la SADC tenu au Royaume du Swaziland, dont les points focaux 14, 15, 18 et 19 sont:

14. Le Sommet extraordinaire condamne dans les termes les plus durs les actes anticonstitutionnels qui ont conduit à l'éviction du gouvernement démocratique de Madagascar et appelle à un retour immédiat à l'ordre
constitutionnel;

15. Le Sommet extraordinaire ne reconnaît pas M. Rajoelina comme Président de Madagascar en ce que sa prise de pouvoir constitue non seulement une violation de la Constitution de Madagascar et des principes démocratiques,
mais viole le coeur même des principes et valeurs du Traité de la SADC, de l'Acte Constitutif de l'Union Africaine et de la Charte des Nations Unies;

18. Le Sommet extraordinaire souligne que dans le cas de non soumission aux décisions sus-rappelées, la SADC sera amenée, en collaboration avec l'Union Africaine et les Nations Unies, à envisager d'autres options en vue de la restauration de la normalité constitutionnelle.

19. Le Sommet extraordinaire appelle la Communauté internationale à ne pas reconnaître la nomination de M. Rajoelina et à faire pression sur l'autorité de facto à Madagascar pour le rétablissement de l'ordre
constitutionnelle dans les plus brefs délais.

- Constatent le peu d'avancement du processus de résolution de la crise institutionnelle et politique, ce malgré le projet de "feuille de route" récemment présenté, et décident en conséquence de recommander, en point 8 dudit Communiqué, la tenue d'un Sommet Extraordinaire pour examiner plus avant la situation à Madagascar.

Le point 18 du Communiqué du 30 mars 2009 avait été suivi d'effet puisque devant la persistance du caractère anticonstitutionnel et illégal du pouvoir de la HAT, l'Union Africaine a été amenée à décider, le 17 mars 2010, de sanctionner individuellement et sélectivement le Président de la HAT et plus d'une centaine d'autres de ses collaborateurs, les sanctions ainsi décidées ayant été confirmées lors du Sommet de l'Union Africaine le 31 janvier 2011.

La poursuite des efforts de l'Equipe Internationale de Médiation, de même que celle du dialogue malgacho-malgache, doivent ainsi s'inscrire dans une seule perspective : « laisser place à un Gouvernement apte à opérer un retour à la normalité constitutionnelle, ce dans un esprit consensuel et inclusif et dans un contexte apaisé et de transparence ».

Dans cette logique, les élections visées au point 10 du Communiqué de la SADC en date du 31 mars 2011 pourront se dérouler selon les standards démocratiques admis, et ce dans la liberté, la transparence, l'équité, afin qu'elles soient crédibles.

Dans ces conditions, la Mouvance Ravalomanana considère qu'une nouvelle ère, plus confiante et constructive, devrait pouvoir s'ouvrir pour Madagascar et le Peuple malgache, et elle invite l'ensemble de la classe politique malgache à s'engager courageusement et résolument dans cette voie.

Dans cette mesure, la communauté internationale, celle de notre appartenance naturelle, les pays membres de l'Union Africaine, mais bien sûr également celle comprenant les partenaires principaux de Madagascar regroupés au sein du GIC MADAGASCAR,sont amenées à appuyer cette démarche afin que Madagascar, en se conformant à nouveau aux principes et valeurs partagées évoqués en point 15 du Communiqué du Sommet Extraordinaire de la SADC du 30 mars 2009, réintègre définitivement et à la satisfaction de tous la communauté des nations civilisées.

Le 2 avril 2011
Le Porte Parole de la Mouvance Ravalomanana
Guy Rivo RANDRIANARISOA

SADC: FRAMEWORK FOR THE TRANSITION IN MADAGASCAR: ALTERNATIVE FOR THE PROPOSED ROADMAP

The transition in Madagascar should learn the positive lessons from successful transitions such as those in South Africa, Namibia and Mozambique. The guidelines for the Madagascar transition should therefore include the following:

1) The transition must be designed in such a way that it can promote democratization and not entrench undemocratic principles and practices.

2) Any transition plan must guarantee a level playing field for all the political actors, and any attempt at excluding some of the participants on whatever pretence, will be fatally flawed.

3) The transition must lay the foundation for addressing the deep-seated causes of the political crisis, and cannot entail short-term cosmetic changes.

4) The transition in Madagascar cannot legitimize the 2009 coup or reward the coup leaders. The unconstitutional nature of the current regime cannot be legitimized.

5) The transition should include a plan for national reconciliation in all its many forms, and not be confined only to a few political and military members.

6) The criminal justice system and the security institutions must be fundamentally reformed and depoliticized. Militias and criminal groups used for intimidation must be eradicated.

7) The transition must be based on impartial and independent institutions. Their manipulation by some of the political actors will automatically undermine any chances for success in the transition.

After careful assessment of the proposed Roadmap, the following points are worth mentioning:

The Roadmap is endorsed by parties involved in the Malgacho-Malgache dialogue. No mentioning is made in any part of the document to the three main Mouvances (Ravalomanana, Zafy and Ratsiraka). They have been effectively excluded from the SADC dialogue since the Pretoria meeting in April 2010, and have therefore not been parties to the Roadmap. As a consequence, it is important to note that the parties involved in the dialogue and those who signed the Roadmap are all aligned to the Rajoelina group, and do not include representatives from any other significant political grouping. The only conclusion possible is that this is a unilateral dialogue similar to the efforts in South Africa before 1990 (such as the President’s Council and the KwaZulu Indaba) that did not enjoy any legitimacy.

In par. 3 the Roadmap states that Rajoelina must be the President of the Transition. This statement is one of the most serious flaws in the plan, for the following reasons:

- It exonerates Rajoelina from his unconstitutional coup;

- It denounces the OAU’s convention adopted in 2000 dealing with unconstitutional dispensations; and

- It rewards Rajoelina for his intransigence and unwillingness to implement the SADCmediated Maputo Accords and Additional Act of Addis Ababa, and his disregard for the Pretoria talks in May 2010.

One understands the rationale for a transition based on the incumbent President’s continuation during the transition after a conflict situation. But those Presidents were normally elected in terms of their constitutions (even if the elections were imperfect). The constitutional principle is still honoured in these instances. In other instances, unconstitutional military regimes promise an election and transfer of authority to a civilian government after a coup. In those instances the international community does not recognize them as legitimate rulers despite their intention to conduct elections.

The proposed Roadmap, however, wants to legitimize the Rajoelina regime by recognizing him as the President (par. 34) and by lifting the sanctions against his regime (par. 41). No precedent for such actions exists in the case of successful and credible transitions. SADC would in this case renege on all its values on constitutionalism and democratic governance by granting Rajoelina

the proposed status.

The unity government proposed in the Roadmap consists of a consensual Prime Minister and Ministers appointed by the President (Rajoelina). Both categories will be based on names suggested by the parties supporting the Roadmap – as explained earlier, all of them are supportive of Rajoelina. It means that the Government is not a power-sharing arrangement; it is not inclusive of a broad spectrum and therefore not building wide support for the transition, but representing only one of the political actors.

Special attention should be paid to the electoral commission – Independent National Electoral Commission (CENI). The experiences of elections recently held in Kenya, Zimbabwe, Sudan and Côte d’Ivoire can serve as pointers what to avoid and what to do. Regarding its composition, the Roadmap determines that only parties that support the Roadmap can submit nominations of

Commission members and they are appointed by the President. No neutral selection process is used, such as interviews by a parliamentary committee. Moreover, CENI will consist of party political representatives. Both arrangements will automatically compromise the Commission’s independence and increase the potential for electoral failure. One of the key constraints in the

Côte d’Ivoire election was that the two presidential contenders’ representatives on the 3 Commission made it impossible for impartial management of the election. Most successful IECs are small, consisting of 5-8 commissioners who a are not involved in any politics. Their appointments are done by parliaments while the Presidents appoint them officially but they report to Parliament and not to any executive institution.

In the ‘Electoral Framework’ reference is made to a Special Electoral Court (par. 11). Diverse electoral experiences have concluded that such a court should only deal with electoral disputes and should not proclaim the final results of the election. Contestation between the Electoral Commission and the Constitutional Council in Côte d’Ivoire was one of the key reasons for the current impasse in the country. A genuinely independent body (such as an IEC) must have the authority to declare the final results. The judiciary should only be involved in disputes. An addition consideration in the case of Madagascar is that since 2009 the judiciary has become too much compromised in the form of political court cases and new appointments made by Rajoelina, to be credible as the final authority on the election results. An illustration of this consideration in another context was the first, transitional election in 1993 in Cambodia that was managed by the UN, because the judiciary was too much compromised by Khmer Rouge influence.

An important component of any election is agreement about the conduct of the participants. The Roadmap refers to a Code of Ethics and Good Electoral Conduct (par. 13). The suggestion that civil society should enforce the Code is ill-conceived because it does not have statutory power to do so. Instead, its enforcement should be linked to a genuinely independent CENI who must be empowered with the sanctions that can force parties to comply with it. Otherwise the Code will only be a paper document with no significance.

Under the ‘Electoral Framework’ section one aspect is absent. It should entrench the right to participate in the elections. All persons must be able to stand as candidates and be voters. The return of the exiles well before the election dates should be included. No time limits or security qualifications should be allowed that will in effect make it impossible for some political actors to participate in the elections. There should also be no right to ban political parties to effectively prevent them from participating in the elections.

Under the ‘Confidence-building measures’ a blanket amnesty is proposed. The Roadmap does not address the matter sufficiently and does not include the areas that are relevant for a presidential pardon or indemnity. Amnesty is normally applicable to persons who committed a crime but who were not yet prosecuted and sentenced. It is therefore a guarantee against prosecution after disclosure of the relevant information. Blanket amnesty (like in Chile) is in most instances not internationally acceptable, because it exonerates personal responsibility.

Presidential pardon is normally for those already prosecuted and sentenced or for those with a criminal record. Pardon is meant as a start on a ‘clean slate’. An aspect not included in the Roadmap affects exiles who fear that on their return to Madagascar they will be arrested, and accordingly they are prevented from participating in the transition. In South Africa a form of indemnity was used to secure the exiles’ return in the early 1990s.

An aspect of the Roadmap that clearly demonstrates is partisan nature is par. 20 in which H.E. Marc Ravalomanana is confined to forced exile. This is a highly immoral suggestion which is meant to isolate one political leader and exclude him from the transition. It appears to be quite similar to Pres. Aristide’s forced exile.

No indication is given who will determine when the ‘favourable political and security conditions’ are indeed in existence. For convenience sake, the proposed disqualification can apply for an indefinite period. This provision on its own renders the Roadmap unacceptable. The relevant paragraph is silent about any guarantee that no elections (presidential and parliamentary) will be held before Presidents Ravalomana and Ratsiraka’s return to Madagascar. In other words, favourable political and security conditions must also be a precondition for elections. Otherwise no motivation will exist to improve those conditions.

Paragraph 20 is directly relevant for paragraphs 3 and 18. In par. 3 Rajoelina is exclusively granted the status of transitional President while par. 20 prevents any potential restoration of aspects of constitutional rule during the transition. (What does it otherwise mean that SADC and the AU still recognize Pres. Ravalomanana as the only constitutionally-elected President?) Both arrangements are legitimized by the Roadmap which is only supported by the Rajoelina-aligned political parties. Amnesty granted in par. 18 ostensibly includes amnesty to the ousted President to free him from the judicial judgments against him (which were condemned by the international judicial fraternity) as a magnanimous gesture of ‘goodwill’. But in return the implication is that H.E. Marc Ravalomanana must withdraw from all political activities (which was the original French proposal in 2010). Such deal-making is in principle unacceptable to me, is immoral and undermines any pretence of a new democratic beginning in Madagascar.

The proposed status of the Roadmap is that it must replace all previous agreements. The implication of this suggestion is that it directly negates the SADC agreements (2009) that were agreed to by the four Mouvances (Ravalomanana, Ratsiraka, Rajoelina, Zafy). The Mouvance Rajoelina was dissolved in 2010 and it now appears that the parties supporting the Roadmap and not the other three Mouvances. The implication is that replacing the SADC agreements with the Roadmap will be a unilateral action, because it is not supported by the main movements and they were also not involved in its drafting.

The Roadmap’s biased nature emerged also in the manner in which it deals with the transitional President. In par. 31 it suggests that the President should not be subject to impeachment. As a universal principle, a President should never be exempted from possible impeachment.

Impeachment is not about a President’s political performance or failure, but about a President’s respect for the Constitution. It is the only measure that can assure that a directly-elected President honours the Constitution – without impeachment a President will enjoy unchecked impunity, because it will suspend any form of the rule of law.

A final indication that the Roadmap does not create a level playing field for all the political participants is par. 43 that insists on sanctions against parties who violate the Roadmap, even those that did not support it. It can only be interpreted as a threat to the parties who are not yet supportive of the Roadmap to refrain from any criticism against it. It can also be understood as an effort to eliminate any political opposition against the Rajoelina regime. Opposition in any form can be presented as undermining the transition, and one of the sanctions would be to disqualify the party from the elections and other forms of political participation. The unilateral nature of the Roadmap and its support-base is therefore evident for anyone to witness.

Any transitional framework for Madagascar has to include a number of critical arrangements for it to be viable. It should provide guarantees to all political participants of -

- unimpaired access to the media

- the ability to mobilize support and campaign during the election periods

- no intimidation by criminal groups or militia

- the safe return of exiles and political leaders

- reform of the security forces and the judiciary to depoliticize them and enhance their impartiality

- an international presence that will actively monitor adherence to human rights principles, including an end to politically-motivated detentions and judicial judgments.

The main shortcoming at present – and the Roadmap is a symptom of it – is that no genuine and representative multi-party talks are currently in the pipeline. The current internal dialogue should not be understood as an alternative for it, because it lacks popular legitimacy. Before this situation is not addressed, no transitional framework with the necessary legitimacy can emerge.

Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".