samedi 28 juin 2014

Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU veut mettre fin à l’impunité des multinationales. Opposition de tous les pays occidentaux

Communiqué de presse du CETIM



Historique : le Conseil des droits de l'homme ouvre des négociations sur de nouvelles normes internationales contraignantes concernant la responsabilité des sociétés transnationales en matière de droits humains !
26 juin 2014

Le Conseil des droits de l'homme vient d'adopter une résolution présentée par l'Équateur et l'Afrique du Sud qui établit un groupe de travail intergouvernemental chargé d'élaborer un instrument international juridiquement contraignant pour réglementer les activités des sociétés transnationales.

« Il s'agit là d'une décision historique qui peut potentiellement contribuer à mettre fin à l'impunité dont bénéficient trop souvent les sociétés transnationales pour les violations de droits humains commises, en particulier dans les pays du Sud, et garantir l'accès à la justice aux victimes de leurs activités », a réagit Melik Özden, directeur du Centre Europe-Tiers Monde (CETIM), une organisation basée à Genève qui se bat depuis de nombreuses années pour obtenir de nouvelles normes contraignantes.

Les pays occidentaux ont tenté jusqu'à la dernière minute de s'opposer à cette résolution en utilisant tous les moyens pour faire pression sur les autres États membres du Conseil des droits de l'homme. Le vote a été demandé par les États-Unis. Au final, la résolution a été adoptée par 20 voix en faveur, 14 oppositions et 13 abstentions. Tous les États occidentaux membres du Conseil des droits de l'homme ont voté contre la résolution. La grande majorité des pays du Sud, dont la plupart des pays africains, ainsi que la Chine, l'Inde et la Russie, se sont prononcés en faveur.

« Nous ne pouvons que regretter l'attitude peu constructive des pays occidentaux qui ont choisis de privilégier les intérêts des sociétés transnationales par rapport à la protection des droits humains », a continué M. Özden. « Ils ont d'ailleurs d'ors et déjà annoncé qu'ils ne participeraient pas aux travaux du groupe de travail intergouvernemental. »

Le groupe de travail tiendra sa première session en 2015 pour définir les éléments, l'étendue, la nature et la forme du futur instrument international. « Ce n'est que le début du processus, mais il s'agit déjà une grande victoire pour les peuples du monde, et en particulier pour les victimes dans le Sud, qui réclament depuis des années des normes contraignantes pour mettre fin à l'impunité des sociétés transnationales » a relevé M. Özden.

Tandis que les sociétés transnationales disposent de toute une batterie de lois, de mécanismes et d'instruments contraignants pour protéger leurs intérêts, seuls des codes de conduites volontaires et des normes non-contraignantes existent pour contrôler leurs impacts sur les droits humains et garantir l'accès à la justice pour les victimes de leurs activités. « Il était temps que le Conseil des droits de l'homme agisse pour corriger cette asymétrie dans le système international qui affecte en premier lieu les pays les plus pauvres et les plus faibles » s'est félicité M. Özden.

Depuis plusieurs mois des centaines d'organisations de la sociétés civiles et des mouvement sociaux du Nord comme du Sud se mobilisent en faveur de cette initiative. Nombres d'entre-elles ont convergé à Genève pour une semaine de mobilisation du 23 au 27 juin. De nombreux délégués du Sud et de représentants des victimes ont fait le voyage pour réclamer de nouvelles normes contraignantes pour mettre fin à l'impunité des sociétés transnationales. Le CETIM s'est fortement engagé aux côtés de la Campagne mondiale pour démanteler le pouvoir des transnationales et mettre fin à l'impunité. Les cas de Chevron en ÉquateurCoca Cola en ColombieShell au NigeriaGlencore-Xstrata aux Phillippines et Oceana Gold au Salvador ont notamment été présentés pour démontrer la nécessité d'un nouvel instrument international.

« En 60 ans d'exploitation pétrolière dans le Delta du Niger, les communautés locales n'ont pas connu le repos » a relevé Godwin Ojo des Amis de la Terre Nigeria. « Shell a systématiquement violé les droits humains et détruit l'environnement ainsi que les conditions de vie des communautés mais ni les campagnes internationales ni les lois et les agences de régulation nationales n'ont été capables de mettre fin à ces pratiques. Ce niveau d'impunité démontre la nécessité d'un instrument international contraignant qui oblige les sociétés transnationales à respecter les droits humains ».

« En 26 ans d’exploitation pétrolière en Amazonie équatorienne, Chevron a souillé plus de 450’000 hectares d’une des zones de la planète les plus riches en biodiversité et détruit les conditions de vie et de subsistance de ses habitants » a expliqué Pablo Fajardo, défenseur et représentant des victimes de Chevron en Équateur. « Or, après 21 ans de litige et malgré une condamnation de la justice équatorienne, Chevron refuse toujours de payer. Et pendant ce temps les victimes de ses activités en Équateur attendent toujours justice et réparation » a-t-il regretté. « Les codes de conduite volontaires ont montré leurs limites, seul un instrument international contraignant peut mettre fin à l'impunité des sociétés transnationales ».

« Des dizaines de syndicalistes sont assassinés chaque année en Colombie en toute impunité », comme l'a souligné M. Javier Correa, président du syndicat Sinaltrainal en Colombie. « Dans le cas de Sinaltrainal, 23 de nos syndicalistes travaillant pour Coca Cola ou Nestlé ont été assassinés ces dernières années. Or, ces sociétés transnationales utilisent des schémas complexes de franchises, de filiales et de sous-traitants pour échapper à la justice. La justice colombienne ne fait pas son travail et les tribunaux aux États-Unis et en Suisse, où ces deux transnationales ont leurs sièges, refusent d'entrer en matière. » a-t-il souligné. « Seules des normes internationales contraignantes permettront de tenir les sociétés transnationales responsables de leurs crimes en Colombie ! »

Le chemin est encore long mais aujourd'hui, et après près de 40 ans de discussions et de tentatives infructueuses à l'ONU, le processus est enfin lancé ! Le CETIM tient encore à féliciter les gouvernements de l'Équateur et de l'Afrique du Sud pour leurs leadership et également tous les États qui ont voté en faveur de la résolution malgré les nombreuses pressions reçues.

Pour plus d'informations voir les Bulletins d'information n°47 et n°43, le Cahier critique n°10et la Brochure n°2 du CETIM.

http://www.cetim.ch/fr/multimedia_communique.php


vendredi 27 juin 2014

MADAGASCAR – 26 juin 2014: Fête de l’Indépendance, mais quelle INDEPENDANCE ???

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C’est une tristesse qui envahit nos pensées en ce jour du 26 juin 2014. Il y a 54 ans, en effet, que la France décidait d’accorder "l’indépendance" à tout un paquet d’anciennes colonies, y compris Madagascar. En réalité, une ère nouvelle commença avec la mise en place d’un nouveau système qui allait régir dorénavant les relations entre la France et ses "anciennes" colonies. Il s’agit de la Françafrique dont le seul objectif n’est autre que l’enrichissement et le soutien de la position internationale de la France.
54 ans après, où en est-on ?
Exceptée la parenthèse Ravalomanana, les choses n’ont pas du tout évolué. Le coup d’Etat de 2009 a marqué le début du retour dans le giron de la mère-patrie. Tout a été bien planifié et préparé par toute une bande de pantins affamés qui n’hésitent point à vendre leur propre patrie pour une poignée d’euros. Pendant 5 années, en effet, ils ont mis à sac le pays, le réduisant dans une situation chaotique incomparable où le peuple a perdu toute dignité et toute idée de contestation et de révolte. Viennent ensuite les pseudo-élections où les "pauvres" Malagasy ont voté sans choisir. Bref, les putschistes ont préparé le terrain pour une mise sous tutelle effective du pays.
Alors, peut-on parler d’indépendance dans ces conditions ?
L’indépendance est une condition pour une nation, un pays, un État dans lequel les résidents et la population exercent l’autogouvernance, et habituellement une souveraineté totale sur le territoire. L’opposition de l’indépendance est le fait d’être totalement régenté par une autorité suzeraine ou coloniale (Wikipédia).
D’après cette définition, la réponse est NON.
Depuis 5 ans, la souveraineté nationale a été bafouée, elle n’existe plus. Les autorités de la transition sont aux ordres de Paris, sous la bienveillance de Mrs les ambassadeurs Chataigner et Goldblatt qui agissent plus comme des gouverneurs que des représentants diplomatiques. A plusieurs reprises,  M. Goldblatt s’autorise à s’ingérer dans les affaires nationales en imposant ses volontés.
On connaît le travail de sape mené par la France contre les Ravalomanana depuis Maputo 1 jusqu’à l’empêchement de Mme Lalao Ravalomanana d’être candidate aux présidentielles. Comme par magie, un nouveau candidat fabriqué par la France (membre du PS français) est apparu  et imposé aux Malagasy. Aussi, entre un putschiste soutenu par la France et un non putschiste mais pantin de Paris, le choix des Malagasy se résumaient entre la peste et le choléra. Que dire aussi du discours de politique générale du PM Kolo Roger en langue française devant la représentation Nationale, n’est-ce pas insultant pour les 22 millions de Malagasy ? C’est le summum de l’aliénation culturelle et de la soumission politique.Indépendance politique: ZERO.
Sur le plan économique, un pays qui a été réduit volontairement au rang des plus pauvres du monde n’aura d’autres choix que de se soumettre aux diktats des aides internationales et de se livrer aux prédateurs étrangers.
Sous prétexte de la nécessité économique de chercher et de séduire les investisseurs, on assiste à une opération de braderie du pays avec ses importantes richesses, au détriment des paysans qui sont spoliés de leurs terres (NDLR: le Sud de Madagascar). Ici, l’insécurité est un moyen au service de l’accaparement des terres.
Quant aux bailleurs institutionnels (FMI, BM, UE,..), ils imposent des mesures draconiennes qui auront des effets désastreux pour le pays. Ainsi, des secteurs stratégiques, tels que l’énergie ou le transport, vont tomber dans l’escarcelle du secteur privé enlevant à l’Etat toute possibilité de contrôle. Ce serait le sort de la JIRAMA mais aussi d’Air Mad. Une JIRAMA privatisée entraînerait nécessairement une hausse du prix de l’électricité qui étranglerait les couches sociales les moins aisées. Jamais, la politique d’ajustement structurel du FMI et de la BM n’a réussi à sortir un pays de ses difficultés. Au contraire, elle perpétue la pauvreté. Reste-t-il une trace d’indépendance la-dedans?Indépendance économique : ZERO
En résumé, Madagascar est un pays politiquement sous-tutelle de la France et économiquement sous-tutelle des bailleurs et sociétés transnationales, avec la complicité des dirigeants.
Aussi, ceux et celles qui continuent à clamer le mot "indépendance" sont:
  • soit des ignorants. Dans ce cas, ils sont plutôt à plaindre car leur naïveté les rend "idiots utiles",
  • soit des manipulateurs au service du régime qui saoulent, abusent et amusent le peuple avec des slogans  et festivités dont les Malagasy sont incroyablement friands.
La cérémonie de ce jour n’est autre que l’officialisation du retour de Madagascar dans le pré-carré français, ce qui est synonyme de vassalisation. Il est impératif de réagir avant qu’il ne soit trop tard.

Tsimok’i Gasikara
 https://tsimokagasikara.wordpress.com/wp-admin/post.php?post=6999&action=edit&message=6&postpost=v2



Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".