mercredi 13 juillet 2011

Lettre ouverte aux Autorités françaises

Malagasy Mandresy, Madagasikara Afaka

Peuple Malagasy Gagnant. Madagasikara Libre

Winner Malagasy People. Free Madagasikara

MADAGASCAR : La France n’a pas le droit de jouer avec la vie de 20 millions de Malagasy

Madame, Monsieur,

Vous n’êtes pas sans savoir que Madagascar s’enlise dans une crise politique sans précédent depuis plus de 2 ans.

Après les multiples rencontres sous l’égide de la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe) réunissant les parties concernées, force est de constater que la situation reste bloquée et ce, malgré les Accords et Résolutions dont la dernière est celle prise par les Chefs d’Etat de la SADC lors du Sommet de Sandton (Afrique du Sud) le 12 juin 2011.

Ce blocage est dû en grande partie au soutien ouvert de l'ambassadeur de France à Madagascar au régime putschiste. En effet, par la voie de l'ex-ministre M. Joyandet, la France tente en 2010 d'imposer une feuille de route que les trois grandes mouvances politiques ont refusé car elle donne le plein pouvoir au chef putschiste Rajoelina.

Depuis, la France n'en démord pas et tente de faire imposer la même feuille de route via les consultants et médiateurs du Groupe International de Contact pour Madagascar (GIC).

En attendant, les Malagasy continuent à s’enfoncer dans la misère, leur calvaire quotidien semble s’éterniser. Le jugement du magazine économique américain Forbes est sans appel et révélateur de la situation socio-économique nationale: Madagascar possède la pire économie du monde que le pays doit "à l’incompétence de ses dirigeants" et "aux bouleversements de sa vie politique" depuis 3 ans. Aussi, il n’est pas excessif de qualifier les putschistes, appuyés ouvertement par la France, de criminels eu égard aux souffrances qu’ils font endurer à leurs propres compatriotes et à la Nation :

  • flambée des prix notamment ceux des produits de première nécessité (+ 5,9% depuis janvier 2011) et celui du carburant : aux environs de 1,40 euro le litre dans un pays où 77% de la population vivent dans la pauvreté (selon le magazine Forbes),
  • plus de 2 millions de sans-emplois en raison notamment des fermetures d’entreprises des zones franches,
  • violations graves et répétées des droits de l’homme avec les intimidations et assassinats d’opposants,
  • des prisonniers politiques détenus sans jugement pour la plupart ou bien jugés de façon arbitraire par un tribunal illégal. C’est le cas de trois officiers supérieurs (Général Raoelina, les Colonels Jatofara et Andriamihaotra) accusés d’avoir participé aux tueries du 7 février 2009 et condamnés récemment à des travaux forcés à perpétuité. Pourtant, les aveux rendus publics d’un ex-putschiste repenti et portés à la connaissance de la Cour Pénale Internationale établissent clairement la responsabilité de Rajoelina et ses complices dans ce regrettable événement,
  • pillage permanent des richesses nationales par des trafics à grande échelle en tout genre en particulier les bois de rose, espèce endémique à Madagascar. Notons que les agents des Douanes se sont mis en grève illimitée pour protester contre l’incarcération injustifiée de deux des leurs qui, selon eux, sont des lampistes pour couvrir les vrais coupables qui sont au pouvoir,
  • corruption à tous les niveaux,
  • dilapidation du patrimoine national à travers la gestion calamiteuse de la compagnie aérienne nationale Air Madagascar qui, aujourd’hui, se trouve dans une situation de déliquescence organisée. Précisons à ce sujet que le Président du Conseil d’Administration de la compagnie est le Ministre putschiste des Finances lui-même et son collègue des Transports en est également membre. Si ce n’est pas de la magouille, cela y ressemble fort.

La Résolution de Sandton, fruit des consultations de toutes les entités politiques concernées à Gaborone, définit clairement un plan de sortie de crise. Parmi les dispositions qui s’imposent, figurent la mise en œuvre de la feuille de route amendée mais surtout le retour immédiat au pays et sans conditions du Président élu Marc Ravalomanana ainsi que son droit à participer à la vie politique nationale (art. 20). Pourtant, l’émissaire du GIC (Groupe International de Contact) chargé de la mise en œuvre des mesures prises à Sandton, M. Simao contredit cette clause. Quant à M. Solomao, Secrétaire exécutif de la SADC, il s’est même permis d’amender le dit article en conditionnant le retour du Président Ravalomanana à l’instauration d’un climat politique stable, ce qui bien sûr est contraire aux exigences des Chefs d’Etat de la SADC. S’en suit alors une confusion générale chez les Malagasy. Manifestement, M. Simao et son équipe ont agi dans l’intérêt des putschistes avec en arrière-plan une manipulation éventuelle de la France dans l’objectif d’écarter, marginaliser et diaboliser les trois mouvances et les tenants du dialogue malgacho-malgache afin d’imposer le pouvoir putschiste au peuple malagasy.

La déclaration de M. Chissano, médiateur en chef de la SADC devant le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine qui se penche actuellement sur le cas de Madagascar vient corroborer notre analyse. Il a en effet désavoué M. Simao et son équipe en affirmant que « le Président Marc Ravalomanana devrait être autorisé à retourner dans son pays et il devrait être permis de participer à la politique locale ».

Il est donc évident que la Résolution de Sandton revête un caractère exécutoire et s’impose à toutes les parties concernées. Toute initiative unilatérale des putschistes doit être considérée comme un défi adressé à la SADC et à la Communauté Internationale toute entière.

Aussi, nous demandons fermement à la France de :

· cesser de jouer avec la vie de 20 millions de malagasy en mettant fin à toute aide directe ou indirecte, civile ou militaire, ou toute autre forme à ce régime voyou dénué de toute éthique, cela ne fait que conforter les putschistes dans leur pratique totalitaire,

· se conformer aux décisions du Parlement Européen qui, rappelons-le, dans sa Résolution votée à Strasbourg le 9 juin 2011, a fermement condamné le maintien du régime illégal et illégitime de M. Rajoelina et appelle au rétablissement de l’état de droit à Madagascar. Le Parlement refuse par ailleurs que les autorités qui ont pris le pouvoir de manière inconstitutionnelle aient la légitimité d'organiser des élections,

· s’abstenir de toute manœuvre directe ou indirecte tendant à bloquer le processus de sortie de crise menée par la SADC et plus particulièrement la volonté éventuelle de dessaisir la SADC du dossier pour le confier à l’OIF ou au COI, organismes bien connus au service de l’ancienne puissance coloniale et dont l’objectivité et la neutralité sont plus que douteuses.

· abandonner sa pratique néo-coloniale en laissant tout simplement le peuple malagasy de choisir librement son destin. Il en a assez de cette politique d’un autre temps qui n’apporte que malheur et souffrance pour lui,

· respecter la souveraineté nationale malagasy en développant une vraie politique bilatérale où les deux pays s’estiment mutuellement et se traitent à égalité pour une meilleure fraternité entre les peuples, n’est-ce-pas la devise française suggérée sur les frontons des Ecoles et Mairies ?

Si la France persiste dans sa voie actuelle, elle en tirerait les conséquences dans les relations futures entre les deux pays. Les armes finiront par se taire mais le peuple malagasy n’acceptera jamais d’être bâillonné indéfiniment. Il se battra jusqu’au péril de sa vie comme il l’avait déjà prouvé en 1947.

Veuillez accepter, Madame, Monsieur, l’expression de nos salutations respectueuses.

GTT INTERNATIONAL GENEVE

15, rue des Savoises

1200 – Genève – SUISSE



1 commentaire:

  1. TRES GRAND MERCI D'AVOIR OSER ENFIN ECRIRE CETTE LETTRE OUVERTE TRES BIEN CLAIRE PRECISE..... ET QUE CA SOIT LA DERNIERE DERNIERE DERNIERE LETTRE POUR QUE "LA FRATERNITE" NE SOIT PAS UN VAIN MOT !!!

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Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".