Madagascar
doit mettre fin aux massacres
et
enquêter sur les forces de sécurité
Il faut maîtriser les forces de sécurité malgaches, qui se livrent à des actes de violence aveugle dans le sud du pays, a déclaré Amnesty International, à la suite d'exécutions de masse de civils pour des vols de bétail et de l’inaction des autorités, qui se sont abstenues de protéger des centaines de personnes de véritables massacres.
Certaines sources officielles ont
affirmé que l’Opération Tandroka, lancée en septembre, s’est pour
l’instant soldée par l'homicide de 40 voleurs de bétail (dahalos) et
l’arrestation de 76 autres dans la région de l’Anosy (sud du pays). Des bandes
de voleurs de bétail auraient tué 14 membres des forces de sécurité nationales
plus tôt cette année.
Des témoins ont cependant signalé à
Amnesty International que des personnes âgées, des handicapés moteurs, des
enfants et d’autres personnes se trouvant dans l'incapacité de fuir leur
domicile ont été brûlés vifs quand les forces de sécurité ont incendié des
villages sans aucun discernement dans le cadre de cette opération militaire.
« Nous entendons
parler de personnes et de populations sanctionnées et persécutées dans le sud.
Ces mauvais traitements pourraient constituer des atteintes aux droits humains
d’une ampleur choquante », a indiqué Christian Mukosa, chercheur au sein du
programme Afrique d’Amnesty International, qui vient à peine de rentrer de
Madagascar.
« Le gouvernement doit
maîtriser ses forces de sécurité et diligenter une enquête indépendante sur ces
allégations. »
Selon des témoins, lors d’une des
nombreuses descentes effectuées dans des villages en septembre, des membres des
forces de sécurité ont brûlé 95 maisons dans la commune d’Elonty, et tué au
moins 11 personnes dont une fillette âgée de six ans.
Des récoltes ont été réduites à
néant et au moins une école a été rasée pendant ces attaques. Des représentants
des autorités ont affirmé que seules des exploitations pratiquant la culture du
cannabis ont été détruites par les forces publiques.
Par ailleurs, d’après les
informations recueillies par Amnesty International, les forces de sécurité ont
exécuté des suspects de manière extrajudiciaire lors de ces descentes, notamment
une personne souffrant de handicaps physiques dans le village de Numbi, en
septembre, et les parents et l’épouse d’un suspect bien connu dans la commune de
Mahaly, en octobre.
Parmi les unités impliquées dans ces
exécutions extrajudiciaires présumées figurent les forces d’intervention
spéciales.
Au moins 250 autres personnes ont
été tuées cette année aux alentours de la ville de Fort-Dauphin (sud du pays),
dans le cadre de ce que les autorités décrivent comme des affrontements entre
villages déclenchés par des vols de bétail. Amnesty International craint que ce
chiffre ne soit bien en-deçà de la réalité.
Au moins deux témoins ont expliqué à
Amnesty International que les autorités avaient été informées de l’imminence
d’une attaque contre un village par des personnes vivant à proximité ; les
autorités n’ont rien fait, et au moins 86 personnes ont été tuées à coups de
machette.
« Les responsables
présumés de ces violations massives, parmi lesquels des membres hauts gradés des
forces de sécurité, doivent être traduits en justice », a expliqué Christian
Mukosa. « Le gouvernement doit demander à la communauté internationale, en
particulier aux Nations unies, d’aider à mener une enquête véritablement
indépendante ».
Les violences de
ces derniers mois font craindre le pire pour la sécurité des civils de la région
à l’approche de l’élection présidentielle, prévue pour mai
2013.
20
novembre 2012
Christian Mukosa,
Amnesty
International's Africa Programme Researcher
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire