dimanche 26 novembre 2023

Madagascar : crise post-électorale et situation pré-insurrectionnelle imminente

 


Depuis le coup d’Etat de 2009, Madagascar subit pour la troisième fois une élection ni libre ni acceptée par tous.

Si pour l’élection de 2014, la Communauté Internationale a imposé l’exclusion des candidatures de l’ancien président Ravalomanana et le putschiste Rajoelina sans se soucier de la souveraineté nationale, en 2023, cette même souveraineté nationale est invoquée pour masquer sa lâcheté face au coup d’Etat constitutionnel de Rajoelina avant les élections et décrié par l’ensemble de la société civile.

A Madagascar, l’interférence française dans les affaires malgaches est patente à travers la présence de grands groupes du CAC40 comme Colas, Orange, Total, etc… comme le souligne le magazine MondAfrique. Il n’y a rien de plus normal que la France se soucie et priorise ses intérêts, mais pas aux dépens de ceux des 28 millions de malgaches dont les 80% sont sous le seuil de la pauvreté. On est toujours dans la continuité de cette logique prédatrice de la période coloniale, seules les formes changent mais le fond reste. Ces visées associées à une corruption généralisée, maintiennent scandaleusement le pays dans la pauvreté. 

En fait, le pays est entraîné dans une spirale de paupérisation croissante induite par le régime autocratique de Rajoelina, avec la complicité de la communauté internationale. Doit-on s’étonner que Madagascar, qui pourtant n’a jamais connu de guerre, se trouve parmi les pays les plus pauvres au monde ?

Et la situation actuelle à l’issue de ce scrutin présidentiel biaisé ne présage rien de positif pour l’avenir.  

La Déclaration préliminaire de la Mission d’observation électorale de la SADC, rendue à l’issue du 1er tour, mérite d’être relativisée pour certaines de ses affirmations.  

D’abord, s’agissant de la méthode, le Rapport se base sur seulement 209 Bureaux de vote sur 27375 (moins de 1%). C’est insuffisant pour tirer des conclusions au niveau national. De plus, on ne connaît pas les critères de choix des bureaux de votes observés.

En outre, le Rapport soulève seulement deux irrégularités, ce qui est difficile à admettre eu égard aux intentions et manœuvres pré-électorales du camp Rajoelina pour assurer sa victoire. Rappelons que le Président par intérim actuel, le général Ravalomanana, un fidèle de Rajoelina, a accédé à cette fonction à la faveur d’un tripatouillage institutionnel lui permettant de devenir président du Sénat après la vraie-fausse démission du précédent président.

Aussi, sans remettre en cause le contenu du Rapport, force est tout de même de constater qu’il ne reflète pas la réalité surtout concernant les techniques et modalités de fraudes utilisées à grande échelle. On n’ose pas croire en la complicité de la SADC à ces manœuvres anti-démocratiques qui bafouent les droits les plus élémentaires du peuple malgache, mais aussi source d’un profond ressentiment populaire.  

L’observatoire indépendant SAFIDY, quant à lui, est plus réaliste dans son Rapport (base 10 000 bureaux de vote contre 209 de la SADC) en pointant des irrégularités avec des éléments factuels qui permettent de bien mesurer l’ampleur de la fraude électorale mise en place. Parmi ces faits:

·         large distribution d’argent effectué particulièrement par le candidat Rajoelina pour acheter des voix;

·         menaces et Intimidation à l’encontre des observateurs malgaches;

·         des électeurs ont voté plusieurs fois;

·         des citoyens votent sans présenter de cartes d’identité.

De plus, il faut relever les actes graves suivants qui ont suivi le scrutin :

·         des manifestations pacifiques violemment réprimées par les forces de l’ordre; 

·         deux candidats aux présidentielles interpellés;

·         une vingtaine de manifestants en prison;

·         le représentant du syndicat des enseignants chercheurs en grève est convoqué par la gendarmerie;

·         Fusillade en pleine rue de la capitale qui s’apparente à une exécution par les forces de l’ordre, faisant 5 victimes dont un ex-proche de la présidence et de la présidente de l’AN.

Quels que soient les résultats de cette farce électorale annoncés par la CENI, aucun candidat ne les reconnaîtra sauf Rajoelina. Tous les ingrédients d’une crise post-électorale sont réunis avec un pays au bord de l’insurrection dont les conséquences sont imprévisibles. 

On ne peut pas éternellement obliger le peuple à accepter l’inacceptable, légendairement calme ou culturellement pacifique soit-il !! 

 

 

GTT International-Genève

25 novembre 2023

 


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Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".