L’année 2011 a renvoyé aux Africains une photographie
d’eux-mêmes. Une image pendant longtemps ignorée ou réfutée mais qui,
grâce à des évènements majeurs ou à cause d’eux, leur est revenue en
pleine figure. La violence et la laideur de cette photographie poussent
certains africains à tenter désespérément de rejeter sa conformité à la
réalité. D’autres souhaitent tout simplement ne rien savoir sur
l’existence de cette photographie. Ainsi, pense-t-on qu’il suffit de
nier une réalité pour qu’elle cesse d’exister. Pourtant, il est trop
tard pour faire l’impasse sur cette photographie de groupe que l’année
2011 nous a offerte de nous-mêmes.
Cette image montre les africains dans leurs immenses
faiblesses. Cette photographie affiche « l’homme africain » qui a
prétendu être indépendant depuis 50 ans et qui a même fêté, il n’y a pas
longtemps, le cinquantenaire de ses irréelles indépendances, plus que
jamais dépendant et soumis. L’Afrique apparaît sur cette photographie,
nue, sans défense et désorganisée de bas en haut. Elle est prenable par
n’importe quel aventurier armé, car ses enfants sont trop démunis et
dispersés. Cette photographie confirme la réalité des africains qui ne
maîtrisent pas du tout leur espace. Jamais la menace d’un retour
physique dans les fers n’a été proche.
Si 2011 a dessillé les yeux de quelques-uns de ces
africains naïfs ayant toujours perçu le monde comme un temple où tous
les peuples –frères en christ, dit-on ici- viennent s’embrasser, il
reste encore beaucoup d’autres qui sont restés dans un sommeil comateux.
Les coups violents que l’Afrique a reçus dans cette même année n’a pas
suffit à les sortir de ce coma profond. Il en faut plus, certainement.
Aussi continuent-ils de vouloir expliquer l’inexplicable ou de tituber
dans un intellectualisme qui refuse de prendre position en se
calfeutrant dans un « ni-nisme » neutralisant qui se présente lui-même
comme le parangon de l’objectivité. Incapables de saisir le monde dans
lequel ils vivent, incapables de s’organiser pour relever les défis
auxquels ils font face depuis des millénaires, incapables de se
rassembler, de se doter d’un leadership responsable, de se donner les
outils de leur libération pour rebâtir l’Afrique sur des valeurs
intrinsèquement authentiques, les africains, se satisfaisant de leurs
identités coloniales, sont isolés les uns des autres. Malien n’a rien à
avoir avec Ghanéen, Tanzanien n’a rien en commun avec Togolais, Guinéen
n’a rien à cirer avec Djiboutien. Même le Congolais est indifférent de
ce qui se passe dans l’autre Congo. Pire, Akan n’a rien en commun avec
Bété, Zoulou n’a rien à avoir avec Xhosa et Dioula ne veut rien entendre
de Agni, Kabyè et Ewé manipulés l’un contre l’autre se disent n’avoir
rien en commun…Ainsi de suite ! Pourtant leurs ennemis les globalisent
sous le vocable «les africains » ou « les noirs ». Quel triste spectacle
?! Dans cet isolement consécrateur de la fragilité collective, ceux qui
de leurs dirigeants, de leurs espèces sont audacieux constituent des
proies faciles pour des loups affamés chassant en meutes. L’année 2011 a
montré aussi ces nombreux africains haineux qui, tapis dans l’ombre du
combat virtuel sur internet, s’ingénient à griffer, à tacler, à lacérer
la peau de ceux de leurs compatriotes qui essaient de rester debout.
Naïfs et incapables de concevoir la notion de danger, beaucoup sont ces
africains pour qui la menace n’existe pas. Ayant perdu la notion de
l’instinct de survie, c’est avec joie et précipitation qu’ils gobent les
innombrables attrape-nigauds drapés dans des termes lénifiants et des
concepts dont les tenants et les aboutissants sont inconnus. Ainsi
s’exposent-ils et exposent-ils leurs congénères à la mort. Ignorant
qu’avec un leadership éclairé et courageux, les peuples les plus
médiocres ont pu faire des bonds dans l’histoire, l’attitude typiquement
négro-africaine qui nous pousse à haïr, à détester et à isoler celles
et ceux de nos enfants qui sont lucides et capables d’imprimer un rythme
de marche adapté a été confirmée par cette photographie. Convaincus que
l’homme noir n’a pas d’ennemis, malgré les faits historiques évidents
prouvant que les africains n’ont ni amis ni alliés dans le monde,
beaucoup d’africains continuent de croire de toute leur force en les
religions d’autrui et en un humanisme internationaliste qui combat les
mêmes prédateurs à leurs côtés.
C’est un euphémisme que de dire que l’Afrique a connu
de terribles régressions dans l’année qui vient de finir. C’est à se
demander si les africains aussi sont-ils bel et bien en 2011. Car, au
moment où d’autres peuples agressent d’autres, les pillent et installent
leur ordre un peu partout soit par infiltrations diverses et variées
soit par guerres qu’ils conduisent avec une technologie de plus en plus
miniaturisée et perfectionnée, tout le continent africain n’a même pas
une seule missile de longue portée. Le débat pour avoir de véritables
armées pour défendre un continent aussi convoité que l’Afrique n’a même
pas encore commencé. Ainsi si une guerre ouverte devrait opposer, si ce
n’est pas déjà le cas, africains et d’autres peuples, les africains se
battraient comme au temps des wisigoths et des Ostrogoths. Les fameuses
armées africaines se comportant en milices au service des tyrans et des
multinationales, elles sont là uniquement pour tuer les civils africains
opposés à cet “ordre cannibale”. D’ailleurs toute l’armée d’un pays
comme la Côte d’Ivoire qui se définit comme un des pays les importants
de la CEDEAO n’a pas pu opposer 30 jours de résistance aux troupes
franco-onusiennes.
Jamais l’Afrique n’a été aussi uniformisée au sommet.
Même aux pires moments des razzias négrières transatlantiques et
arabo-berbères et aux temps les plus sombres de la colonisation directe,
il y avait dans des territoires africains des dirigeants au pouvoir qui
résistaient et qui, de ce fait, constituaient des motifs de fierté et
donc des modèles. 2011 a emporté les deux derniers résistants certes
dans leurs fragilité et contradictions, mais des résistants quand même :
Laurent Gbagbo et Mouammar Kadhafi. 2011 a inauguré le printemps des
cancres et des laquais à savoir les Gnassingbé, les Bongo, les Sassou,
les Zuma, les Bozizé, les Guelleh, les Compaoré, les Rajoelina, les
Jonathan…qui font la pluie et le beau-temps devant des populations
qu’ils immobilisent.
Cependant même face à ce nivellement par le bas de
tout un continent dont le sol et le sous-sol sont lorgnés depuis belle
lurette, il y en a toujours qui voient dans la conservation dans nos
territoires de ces voleurs aussi bien de deniers publics que de suffrage
populaire, tripatouilleurs de constitutions, pilleurs, violents et
irrévocablement extravertis, la meilleure opportunité pour le peuple
noir d’avancer sur le chemin de la liberté et de la satisfaction de ses
besoins. Autrement dit, le colonialisme est source de progrès pour ces
esprits qui se prétendent lucides de tout point de vue. S’étonnerait-on
de savoir donc qu’il y ait toujours des africains à vanter l’esclavage
et la colonisation comme les meilleures choses qui soient arrivées aux
africains accroupis, avant l’arrivée du bon samaritain européen, dans
leurs cavernes sous des rois sanguinaires avec la complicité de leurs
fétiches ? S’étonnerait-on qu’il y ait toujours une race d’africains qui
continue d’acclamer les bourreaux de l’Afrique et de les élever contre
leurs propres sœurs et frères au rang de libérateurs ? S’étonnerait-on
de voir des africains pour qui la « coopération », « l’aide au
développement », « la démocratie », « le modernisme », « le partenariat »
provenant de l’Occident soient les seules voies possibles pour
l’Afrique ?
L’année 2011 a montré par trois (03) évènements
extraordinairement dramatiques – mais diversement appréciés comme c’est
toujours le cas chez les africains qui ont une conception très relative
de leurs intérêts- où en est l’Afrique et ce que les africains doivent
faire s’ils espèrent reprendre le contrôle de leur espace qui leur a
échappé depuis si longtemps.
Le premier de ces tragi-comédies, c’est la naissance
du fameux 54ème Etat africain : le Sud Soudan ou Soudan du Sud, on ne
sait pas exactement. Ce soi-disant nouvel Etat vient rajouter au
désordre africain un élément malade supplémentaire. A l’extraversion
globale de l’Afrique un pion de plus est ainsi édifié, c’est du
morcellement apporté au morcellement tandis que d’autres parties du
monde se regroupent dans de grands ensembles géographico-idéologiques
pour pouvoir faire face aux défis fixés par les uns et aux difficultés
suscitées par d’autres.
Les 53 proto-Etats, des constructions coloniales
depuis les terres allemandes lors de la « conférence africaine de Berlin
1884-1885 », totalement extravertis ont pour mission de fournir aux
industries des pays occidentaux auxquelles viennent s’ajouter celles des
pays dits émergents des matières premières d’une part, et d’autre part
de débouchés pour leurs produits finis. Le Sud Soudan ou le Soudan du
Sud ne déroge pas à cette règle. Ceux qui sont à la base de sa création
ont, pour obtenir le consentement des uns ou l’indifférence des autres,
élevé au rang de génocide un conflit violent qu’ils ont pris le soin
d’attiser au Soudan depuis son origine. Ces “créateurs d’Etat” ce sont
les Etats-Unis d’Amérique et Israël avec leurs cousins européens qui
n’ont cessé de voir en ce qui se passe au Soudan une guerre qui oppose
les (gentils) chrétiens et les (méchants) musulmans. Ils ont mobilisé
des ONG (oui les fameuses ONG !), des stars de cinéma, des artistes de
la chanson, des sportifs et que savons-nous encore pour pouvoir
atteindre l’objectif de la partition du Soudan, un Etat qui n’en était
pas plus que les autres sur le continent africain. Les mêmes avaient
mobilisé la machine politique qu’est la Cour Pénale Internationale (CPI)
pour presser le président soudanais, Al Béchir afin de lui faire lâcher
le morceau. Menacé par un mandat d’arrêt international, Béchir finit
par conclure un accord avec toutes les parties sacrifiant ainsi le
Soudan sur l’autel de son fauteuil tout en sauvegardant les intérêts
pétroliers des deux lions qui se battent dans les champs pétrolifères
soudanais à savoir la Chine et les USA/Occident.
Cette nouvelle satrapie dénommée Sud Soudan/Soudan du
Sud ne va nulle part. Les populations qui ont été entraînées dans cette
nouvelle aventure avec des pions qui soi-disant la conduisent
s’apercevront, si ça n’est d’ailleurs pas le cas aujourd’hui, qu’on
s’est servi d’eux pour des objectifs qui n’ont rien à avoir avec leur
misère et leur fameuse vie de chrétiens pourchassés. Le Sud Soudan
montre une telle soumission à ses créateurs que ceux qui soi-disant le
dirigent ne jurent que par leurs noms. C’est ce que démontre le dernier
voyage de Salva Kiir en Israël, l’un des tout premiers à le reconnaître,
qui s’est dit prêt, après des années de soutien militaro-diplomatique
et médiatico-financier à la guerre aux côtés de ces guerriers ayant
troqué l’uniforme contre des costumes, à veiller sur les premiers pas de
ce nouveau-né chrétien.
Dans un texte[1] dans lequel nous pointions en
janvier 2010 les faiblesses que l’Afrique traîne et qui certainement
conduiront les africains de nouveau dans les chaines, nous écrivions
ceci : « ces énormes faiblesses, si elles ne sont pas vite prises en
main, conduiront à coup sûr les autres à remettre notre peuple dans les
fers. Que ce soit avec les anciens maîtres ou les nouvelles puissances,
la tendance montrent déjà où ces faiblesses vont entraîner l’Afrique.
Déjà, les proto-Etats africains, construits et partagés entre les
puissances du moment à Berlin en 1885, n’ont rien pu faire face aux
mêmes prédateurs qui viennent de créer un sous-Etat au Sud-Soudan à la
suite de ce qu’ils nomment un « référendum d’autodétermination » avec
une claire intention de mettre la main sur le pétrole de ce foutu 54ème «
Etat » africain. La création ce pseudo Etat « chrétien » sud-soudanais
en plein 21èmesiècle, dans une indifférence absolue des Africains, est
la preuve que le moment venu, nous serons avalés tout rond, tant l’écart
semble gigantesque entre nos prédateurs et nous. Raison de plus pour
que notre peuple comprenne enfin où ses faiblesses le drainent, alors
même que n’importe qui peut venir en Afrique et imposer sa loi comme bon
lui semble. Aucun peuple ne tolère que son espace soit pénétré par les
autres, sans qu’il maitrise la situation. Les Africains eux, n’ayant
aucune prise sur leur espace, sont complètement contrôlés par des
puissances externes qui, envahissant leur espace, deviennent ainsi les
vrais maîtres de la situation. »
En 2011 donc, on a réussi au Soudan ce qui avait, 30
ans plus tôt, échoué au Nigeria avec la tentative de sécession du Biafra
qui fut délibérément plongé dans un conflit massivement meurtrier. On
avait crié également au génocide avec les “french doctors” qui vendaient
la nécessité d’offrir un Etat aux chrétiens du Nigeria poursuivis par
les musulmans. La solution à ce “génocide” fut matérialisée par un
accord sur le partage du pétrole du Nigeria le 12 janvier 1970 à l’hôtel
Crillon, place de la Concorde à Paris[2] entre d’un côté les compagnies
pétrolières anglo-hollando-américaines d’une part et les compagnies
françaises d’autre part. Au Soudan, les africains n’ont vu que du feu:
un “Etat” est créé.
Le deuxième événement qui a renvoyé aux africains
leur faiblesse fut l’agression victorieuse contre la Côte d’Ivoire. Il
n’est pas besoin de revenir sur les faits. Même si certains tentent de
ne pas les comprendre, ils sont suffisamment fournis.
Le troisième événement dramatique a été la guerre de
reconquête de la Libye. Cette guerre qui a fait des milliers de morts,
des noirs africains y compris, a montré combien les africains ne
saisissent pas les notions de géopolitique et de la géostratégie.
Ces deux guerres d’agression avaient montré aussi
combien des territoires africains sont des prolongements des pays
étrangers en Afrique au point de voter au Conseil de Sécurité de l’ONU
construite et dominée par les occidentaux, des résolutions autorisant le
bombardement de certains autres territoires. Les satrapies d’Afrique du
Sud, du Gabon et du Nigeria cooptées en tant que membres non-permanents
au sein du fameux Conseil de sécurité avaient joué pleinement ce rôle
désastreux.
L’année 2012 va confirmer voire approfondir toutes
ces faiblesses que l’Afrique traîne depuis que les noirs ont été chassés
de leur plus brillante réussite que fut l’Egypte pharaonique. Il est
donc logique d’affirmer que les agressions contre l’Afrique vont
continuer dans le sillage des trois (3) évènements que nous venons de
citer. Mais, ces agressions iront de pair avec d’autres mainmises et
privations.
La ruée sur les terres africaines va continuer. Des
millions d’hectares sont d’ores et déjà arrachés à l’Afrique par des «
investisseurs » étrangers qui, par le truchement de certains africains
dits hommes d’affaires et sous le prétexte de moderniser l’agriculture
africaine et de lutter contre la faim en Afrique, s’offrent auprès des
tyrans africains et des chefs traditionnels déviés pour des dizaines
d’années, de vastes espaces qui leur servent à produire des
agrocarburants ou de la nourriture pour des populations lointaines.
Un autre phénomène qui va continuer, c’est la
pollution. Des territoires entiers sont aujourd’hui sous le poids de
toute sorte de déchets. Des africains du Nigeria en souffrent
terriblement depuis de nombreuses années déjà dans une indifférence
totale (voir la vidéo ici http://lajuda.blogspot.com/2012/01/nigeria-une-pollution-insupportable.html).
La Somalie, paradis des déchets nucléaires est quasi-inexistant. Les
populations sont quasi-totalement détruites et le coup de grâce est en
train d’être asséné par le trio USA/Grande-Bretagne/France avec la
complicité des satrapies du Kenya, d’Ethiopie, du Djibouti et d’Uganda
qui y mènent actuellement une guerre sous le prétexte de lutter contre
le terrorisme et particulièrement contre le « milices shebab ».
En 2011, l’Afrique a connu des agressions militaires
pour soi-disant rétablir la démocratie et protéger les populations.
Connaîtra-t-elle bientôt des guerres « humanitaires » pour y imposer
l’homosexualité ? L’Occident pour qui l’Afrique est un terrain de jeu ne
va pas s’interdire des agressions pro-homosexuelles le moment venu.
Pour les plus optimistes, cela semblerait une exagération. C’est
probable. Mais, il faut rappeler que déjà l’Occident par la voix de
David Cameron a donné le ton. Le 4 décembre 2011, le premier ministre
britannique avait clairement indiqué que son pays couperait son « aide »
aux pays africains qui adopteraient des lois contre l’homosexualité.
Ceci n’est donc que le début d’une invention d’un nouvel casus belli
contre l’Afrique après celui des « droits de l’homme » et de « la
démocratie ».
La Chine, avec la complicité des guignols abusivement
appelés dirigeants africains, s’efforcera de renforcer sa présence en
Afrique. Les observateurs avertis apprendront sans aucune surprise
qu’elle ouvre très prochainement des bases militaires en Afrique pour
sécuriser “ses terres”, ses citoyens présents en Afrique et ses sources
d’approvisionnement en matières premières face aux Occidentaux qui en
font autant depuis belle lurette sous différentes bannières à savoir:
des bases militaires françaises, des accords de coopération militaire,
des opérations extérieures, des manoeuvres militaires communes et
Africom que les Etats-unis d’Amérique installent aussi doucement que
sûrement.
L’année 2011 a confirmé que l’Afrique est l’un des
espaces les plus fragiles au monde. Elle a attesté une fois encore que
l’Afrique demeure un continent contrôlé depuis l’extérieur. Son économie
est maîtrisée et canalisée vers l’extérieur entre autres avec le Franc
CFA qui est une propriété française. Elle a également confirmé que les
richesses en terres africaines ne reviennent pas au peuple noir. Elle a
démontré que l’Afrique reste, malgré toutes argumentations sophistiquées
que beaucoup d’africains aiment porter pour bluffer leur auditoire, la
terre où chacun peut venir dicter sa loi à condition de faire preuve
d’un peu de témérité, un peu de propagande à l’appui. Majoritairement
crédules et séduits, des africains abusés ou convaincus par la
propagande, sont prêts à œuvrer contre eux-mêmes et contre l’avenir de
leurs progénitures. Nombreux sont ces africains qui brûlent des
chapitres entiers de leur personnalité et de leur histoire aussi bien
familiale que collective en prétendant être nés de nouveau. En effet,
sous le prétexte d’être « born-again », on brûle toutes les traces des
anciens, on gomme nos noms, on efface les actes des prédécesseurs perçus
comme fétichistes et sataniques. Au nom des religions importées à coups
de canons et d’épées, on se pourchasse entre africains et la bible et
le coran sont des références suprêmes. Bref, on s’arrache les racines
pour devenir des êtres greffés dont les branches, attachées à des troncs
étrangers, sont appelées à produire des fruits incolores, insipides,
inodores et inconsommables pour la société locale. Jamais dans
l’histoire de l’humanité aucun peuple n’est parvenu au niveau de
déliquescence atteint par les africains qui adorent ce qui les
empoisonne et les tue tout en détruisant ce qui les protège et les
vivifie.
Mais comme face à tout challenge, les africains ont
le choix entre arrêter l’écroulement ou mourir. Evidemment pour un
peuple qui opte pour la vie, la première solution doit être retenue. Le
point de saturation étant proche il faut arrêter l’aide que nous portons
au projet de suicide élaboré à notre insu avant qu’il soit trop tard.
Pour arriver à cela, il faut scruter cette photographie que l’année
précédente nous a renvoyée et engager sa correction non pas par
photoshop qui se limitera juste à gommer les aspérités virtuelles, mais
par un travail de fond qui devra accoucher d’un africain de type nouveau
qui s’aimera et aimera plus ses soeurs et frères que d’autres peuples,
qui résistera de manière organisée et qui reprendra son espace pour le
sanctuariser par une machine de défense militaire et idéologique et le
transformer en faveur de son peuple. Un travail de prise de conscience
de notre état réel de désorganisation et d’incapacité à résister
collectivement s’impose. Ceci nécessite la formation des ressources
humaines afin qu’elles saisissent ce qui se passe, qu’elles identifient
les fils par lesquels l’Afrique est conservée dans l’esclavage et le
colonialisme et qu’elles mesurent par la prise de conscience effective
l’ampleur du désastre. Les écoles alternatives doivent fleurir et œuvrer
dans la solidarité pour ériger un africain de type nouveau pour qui la
résistance dans des cadres organisés doit être un devoir absolu. Dans
ces écoles alternatives, l’africain ainsi formé et informé valablement
connaîtra la vraie version de son histoire, combattra moins ses propres
sœurs et frères qui oeuvrent pour le bien commun, trouvera un panier
historique africain dans lequel il puisera les éléments de la
renaissance socio-économique et culturelle de son peuple et enfin
définira des stratégies gagnantes face à un système qui fonctionne
froidement au lieu d’être là à convoquer désespérément des dieux qui ne
le connaissent pas et à faire l’apologie des armes qu’il n’a
manifestement pas. Car, lorsqu’un peuple en lutte commence par faire
confiance tant à soi qu’aux outils se trouvant dans son environnement
qu’il doit vaille que vaille chercher à maîtriser, la victoire n’est
plus trop loin de sa portée. Et ne pas comprendre que la révolution
populaire est le résultat d’une fermentation et d’un travail méthodique
nécessitant, au besoin, l’attitude de ce renard qui fait le mort, c’est
se jeter dans la gueule du loup voire déboucher sur des voies
hasardeuses qui soulèvent des masses avant de les plonger dans la plus
pénible des désillusions. Comme le montrent si bien les exemples des
révolutions inabouties et totalement contrôlées de l’extérieur au
Maghreb et principalement en Egypte.
Il faut espérer, en cette année nouvelle, que les
Africains se haïront moins, se détesteront moins et travailleront de
manière beaucoup plus structurée dans des cadres organisés sous la
houlette d’un leadership avisé et courageux pour arracher leur liberté
et leur espace confisqués. Il faut aussi souhaiter qu’ils comprendront
que la désorganisation permanente dans laquelle chacun se complaît ne
peut que conduire à de chroniques défaites collectives. Il faut enfin
espérer que les africains comprendront que seuls les peuples qui sont
organisés et qui, suivant les circonstances, sont capables d’alterner la
ruse et la force, survivent dans ce monde où le cimetière est le
terminus des faibles et des affaiblis. De là, comprendront-ils, il faut
le souhaiter vivement, que la ruse et la violence dont le système se
sert pour faire triompher ses causes sur nos terres nécessitent des
équivalents[3] construits en toute intelligence.
Komla Kpogli
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