mardi 10 janvier 2012

Afrique: la photographie que 2011 a renvoyée aux africains.





L’année 2011 a renvoyé aux Africains une photographie d’eux-mêmes. Une image pendant longtemps ignorée ou réfutée mais qui, grâce à des évènements majeurs ou à cause d’eux, leur est revenue en pleine figure. La violence et la laideur de cette photographie poussent certains africains à tenter désespérément de rejeter sa conformité à la réalité. D’autres souhaitent tout simplement ne rien savoir sur l’existence de cette photographie. Ainsi, pense-t-on qu’il suffit de nier une réalité pour qu’elle cesse d’exister. Pourtant, il est trop tard pour faire l’impasse sur cette photographie de groupe que l’année 2011 nous a offerte de nous-mêmes.

Cette image montre les africains dans leurs immenses faiblesses. Cette photographie affiche « l’homme africain » qui a prétendu être indépendant depuis 50 ans et qui a même fêté, il n’y a pas longtemps, le cinquantenaire de ses irréelles indépendances, plus que jamais dépendant et soumis. L’Afrique apparaît sur cette photographie, nue, sans défense et désorganisée de bas en haut. Elle est prenable par n’importe quel aventurier armé, car ses enfants sont trop démunis et dispersés. Cette photographie confirme la réalité des africains qui ne maîtrisent pas du tout leur espace. Jamais la menace d’un retour physique dans les fers n’a été proche.

Si 2011 a dessillé les yeux de quelques-uns de ces africains naïfs ayant toujours perçu le monde comme un temple où tous les peuples –frères en christ, dit-on ici- viennent s’embrasser, il reste encore beaucoup d’autres qui sont restés dans un sommeil comateux. Les coups violents que l’Afrique a reçus dans cette même année n’a pas suffit à les sortir de ce coma profond. Il en faut plus, certainement. Aussi continuent-ils de vouloir expliquer l’inexplicable ou de tituber dans un intellectualisme qui refuse de prendre position en se calfeutrant dans un « ni-nisme » neutralisant qui se présente lui-même comme le parangon de l’objectivité. Incapables de saisir le monde dans lequel ils vivent, incapables de s’organiser pour relever les défis auxquels ils font face depuis des millénaires, incapables de se rassembler, de se doter d’un leadership responsable, de se donner les outils de leur libération pour rebâtir l’Afrique sur des valeurs intrinsèquement authentiques, les africains, se satisfaisant de leurs identités coloniales, sont isolés les uns des autres. Malien n’a rien à avoir avec Ghanéen, Tanzanien n’a rien en commun avec Togolais, Guinéen n’a rien à cirer avec Djiboutien. Même le Congolais est indifférent de ce qui se passe dans l’autre Congo. Pire, Akan n’a rien en commun avec Bété, Zoulou n’a rien à avoir avec Xhosa et Dioula ne veut rien entendre de Agni, Kabyè et Ewé manipulés l’un contre l’autre se disent n’avoir rien en commun…Ainsi de suite ! Pourtant leurs ennemis les globalisent sous le vocable «les africains » ou « les noirs ». Quel triste spectacle ?! Dans cet isolement consécrateur de la fragilité collective, ceux qui de leurs dirigeants, de leurs espèces sont audacieux constituent des proies faciles pour des loups affamés chassant en meutes. L’année 2011 a montré aussi ces nombreux africains haineux qui, tapis dans l’ombre du combat virtuel sur internet, s’ingénient à griffer, à tacler, à lacérer la peau de ceux de leurs compatriotes qui essaient de rester debout. Naïfs et incapables de concevoir la notion de danger, beaucoup sont ces africains pour qui la menace n’existe pas. Ayant perdu la notion de l’instinct de survie, c’est avec joie et précipitation qu’ils gobent les innombrables attrape-nigauds drapés dans des termes lénifiants et des concepts dont les tenants et les aboutissants sont inconnus. Ainsi s’exposent-ils et exposent-ils leurs congénères à la mort. Ignorant qu’avec un leadership éclairé et courageux, les peuples les plus médiocres ont pu faire des bonds dans l’histoire, l’attitude typiquement négro-africaine qui nous pousse à haïr, à détester et à isoler celles et ceux de nos enfants qui sont lucides et capables d’imprimer un rythme de marche adapté a été confirmée par cette photographie. Convaincus que l’homme noir n’a pas d’ennemis, malgré les faits historiques évidents prouvant que les africains n’ont ni amis ni alliés dans le monde, beaucoup d’africains continuent de croire de toute leur force en les religions d’autrui et en un humanisme internationaliste qui combat les mêmes prédateurs à leurs côtés.

C’est un euphémisme que de dire que l’Afrique a connu de terribles régressions dans l’année qui vient de finir. C’est à se demander si les africains aussi sont-ils bel et bien en 2011. Car, au moment où d’autres peuples agressent d’autres, les pillent et installent leur ordre un peu partout soit par infiltrations diverses et variées soit par guerres qu’ils conduisent avec une technologie de plus en plus miniaturisée et perfectionnée, tout le continent africain n’a même pas une seule missile de longue portée. Le débat pour avoir de véritables armées pour défendre un continent aussi convoité que l’Afrique n’a même pas encore commencé. Ainsi si une guerre ouverte devrait opposer, si ce n’est pas déjà le cas, africains et d’autres peuples, les africains se battraient comme au temps des wisigoths et des Ostrogoths. Les fameuses armées africaines se comportant en milices au service des tyrans et des multinationales, elles sont là uniquement pour tuer les civils africains opposés à cet “ordre cannibale”. D’ailleurs toute l’armée d’un pays comme la Côte d’Ivoire qui se définit comme un des pays les importants de la CEDEAO n’a pas pu opposer 30 jours de résistance aux troupes franco-onusiennes.

Jamais l’Afrique n’a été aussi uniformisée au sommet. Même aux pires moments des razzias négrières transatlantiques et arabo-berbères et aux temps les plus sombres de la colonisation directe, il y avait dans des territoires africains des dirigeants au pouvoir qui résistaient et qui, de ce fait, constituaient des motifs de fierté et donc des modèles. 2011 a emporté les deux derniers résistants certes dans leurs fragilité et  contradictions, mais des résistants quand même : Laurent Gbagbo et Mouammar Kadhafi. 2011 a inauguré le printemps des cancres et des laquais à savoir les Gnassingbé, les Bongo, les Sassou, les Zuma, les Bozizé, les Guelleh, les Compaoré, les Rajoelina, les Jonathan…qui font la pluie et le beau-temps devant des populations qu’ils immobilisent.

Cependant même face à ce nivellement par le bas de tout un continent dont le sol et le sous-sol sont lorgnés depuis belle lurette, il y en a toujours qui voient dans la conservation dans nos territoires de ces voleurs aussi bien de deniers publics que de suffrage populaire, tripatouilleurs de constitutions, pilleurs, violents et irrévocablement extravertis, la meilleure opportunité pour le peuple noir d’avancer sur le chemin de la liberté et de la satisfaction de ses besoins. Autrement dit, le colonialisme est source de progrès pour ces esprits qui se prétendent lucides de tout point de vue. S’étonnerait-on de savoir donc qu’il y ait toujours des africains à vanter l’esclavage et la colonisation comme les meilleures choses qui soient arrivées aux africains accroupis, avant l’arrivée du bon samaritain européen,  dans leurs cavernes sous des rois sanguinaires avec la complicité de leurs fétiches ? S’étonnerait-on qu’il y ait toujours une race d’africains qui continue d’acclamer les bourreaux de l’Afrique et de les élever contre leurs propres sœurs et frères au rang de libérateurs ? S’étonnerait-on de voir des africains pour qui la « coopération », « l’aide au développement », « la démocratie », « le modernisme », « le partenariat » provenant de l’Occident soient les seules voies possibles pour l’Afrique ?

L’année 2011 a montré par trois (03) évènements extraordinairement dramatiques – mais diversement appréciés comme c’est toujours le cas chez les africains qui ont une conception très relative de leurs intérêts- où en est l’Afrique et ce que les africains doivent faire s’ils espèrent reprendre le contrôle de leur espace qui leur a échappé depuis si longtemps.

Le premier de ces tragi-comédies, c’est la naissance du fameux 54ème Etat africain : le Sud Soudan ou Soudan du Sud, on ne sait pas exactement. Ce soi-disant nouvel Etat vient rajouter au désordre africain un élément malade supplémentaire. A l’extraversion globale de l’Afrique un pion de plus est ainsi édifié, c’est du morcellement apporté au morcellement tandis que d’autres parties du monde se regroupent dans de grands ensembles géographico-idéologiques pour pouvoir faire face aux défis fixés par les uns et aux difficultés suscitées par d’autres.

Les 53 proto-Etats, des constructions coloniales depuis les terres allemandes lors de la « conférence africaine de Berlin 1884-1885 », totalement extravertis ont pour mission de fournir aux industries des pays occidentaux auxquelles viennent s’ajouter celles des pays dits émergents des matières premières d’une part, et d’autre part de débouchés pour leurs produits finis. Le Sud Soudan ou le Soudan du Sud ne déroge pas à cette règle. Ceux qui sont à la base de sa création ont, pour obtenir le consentement des uns ou l’indifférence des autres, élevé au rang de génocide un conflit violent qu’ils ont pris le soin d’attiser au Soudan depuis son origine. Ces “créateurs d’Etat” ce sont les Etats-Unis d’Amérique et Israël avec leurs cousins européens qui n’ont cessé de voir en ce qui se passe au Soudan une guerre qui oppose les (gentils) chrétiens et les (méchants) musulmans. Ils ont mobilisé des ONG (oui les fameuses ONG !), des stars de cinéma, des artistes de la chanson, des sportifs et que savons-nous encore pour pouvoir atteindre l’objectif de la partition du Soudan, un Etat qui n’en était pas plus que les autres sur le continent africain. Les mêmes avaient mobilisé la machine politique qu’est la Cour Pénale Internationale (CPI) pour presser le président soudanais, Al Béchir afin de lui faire lâcher le morceau. Menacé par un mandat d’arrêt international, Béchir finit par conclure un accord avec toutes les parties sacrifiant ainsi le Soudan sur l’autel de son fauteuil tout en sauvegardant les intérêts pétroliers des deux lions qui se battent dans les champs pétrolifères soudanais à savoir la Chine et les USA/Occident.

Cette nouvelle satrapie dénommée Sud Soudan/Soudan du Sud ne va nulle part. Les populations qui ont été entraînées dans cette nouvelle aventure avec des pions qui soi-disant la conduisent s’apercevront, si ça n’est d’ailleurs pas le cas aujourd’hui, qu’on s’est servi d’eux pour des objectifs qui n’ont rien à avoir avec leur misère et leur fameuse vie de chrétiens pourchassés.  Le Sud Soudan montre une telle soumission à ses créateurs que ceux qui soi-disant le dirigent ne jurent que par leurs noms. C’est ce que démontre le dernier voyage de Salva Kiir en Israël, l’un des tout premiers à le reconnaître, qui s’est dit prêt, après des années de soutien militaro-diplomatique et médiatico-financier à la guerre aux côtés de ces guerriers ayant troqué l’uniforme contre des costumes, à veiller sur les premiers pas de ce nouveau-né chrétien.

Dans un texte[1] dans lequel nous pointions en janvier 2010 les faiblesses que l’Afrique traîne et qui certainement conduiront les africains de nouveau dans les chaines, nous écrivions ceci : « ces énormes faiblesses, si elles ne sont pas vite prises en main, conduiront à coup sûr les autres à remettre notre peuple dans les fers. Que ce soit avec les anciens maîtres ou les nouvelles puissances, la tendance montrent déjà où ces faiblesses vont entraîner l’Afrique. Déjà, les proto-Etats africains, construits et partagés entre les puissances du moment à Berlin en 1885, n’ont rien pu faire face aux mêmes prédateurs qui viennent de créer un sous-Etat au Sud-Soudan à la suite de ce qu’ils nomment un « référendum d’autodétermination » avec une claire intention de mettre la main sur le pétrole de ce foutu 54ème « Etat » africain. La création ce pseudo Etat « chrétien » sud-soudanais en plein 21èmesiècle, dans une indifférence absolue des Africains, est la preuve que le moment venu, nous serons avalés tout rond, tant l’écart semble gigantesque entre nos prédateurs et nous. Raison de plus pour que notre peuple comprenne enfin où ses faiblesses le drainent, alors même que n’importe qui peut venir en Afrique et imposer sa loi comme bon lui semble. Aucun peuple ne tolère que son espace soit pénétré par les autres, sans qu’il maitrise la situation. Les Africains eux, n’ayant aucune prise sur leur espace, sont complètement contrôlés par des puissances externes qui, envahissant leur espace, deviennent ainsi les vrais maîtres de la situation. »

En 2011 donc, on a réussi au Soudan ce qui avait, 30 ans plus tôt, échoué au Nigeria avec la tentative de sécession du Biafra qui fut délibérément plongé dans un conflit massivement meurtrier. On avait crié également au génocide avec les “french doctors” qui vendaient la nécessité d’offrir un Etat aux chrétiens du Nigeria poursuivis par les musulmans. La solution à ce “génocide” fut matérialisée par un accord sur le partage du pétrole du Nigeria le 12 janvier 1970 à l’hôtel Crillon, place de la Concorde à Paris[2] entre d’un côté les compagnies pétrolières anglo-hollando-américaines d’une part et les compagnies françaises d’autre part. Au Soudan, les africains n’ont vu que du feu: un “Etat” est créé.

Le deuxième événement qui a renvoyé aux africains leur faiblesse fut l’agression victorieuse contre la Côte d’Ivoire. Il n’est pas besoin de revenir sur les faits. Même si certains tentent de ne pas les comprendre, ils sont suffisamment fournis.

Le troisième événement dramatique a été la guerre de reconquête de la Libye. Cette guerre qui a fait des milliers de morts, des noirs africains y compris, a montré combien les africains ne saisissent pas les notions de géopolitique et de la géostratégie.

Ces deux guerres d’agression avaient montré aussi combien des territoires africains sont des prolongements des pays étrangers en Afrique au point de voter au Conseil de Sécurité de l’ONU construite et dominée par les occidentaux, des résolutions autorisant le bombardement de certains autres territoires. Les satrapies d’Afrique du Sud, du Gabon et du Nigeria cooptées en tant que membres non-permanents au sein du fameux Conseil de sécurité avaient joué pleinement ce rôle désastreux.

L’année 2012 va confirmer voire approfondir toutes ces faiblesses que l’Afrique traîne depuis que les noirs ont été chassés de leur plus brillante réussite que fut l’Egypte pharaonique. Il est donc logique d’affirmer que les agressions contre l’Afrique vont continuer dans le sillage des trois (3) évènements que nous venons de citer. Mais, ces agressions iront de pair avec d’autres mainmises et privations.

La ruée sur les terres africaines va continuer. Des millions d’hectares sont d’ores et déjà arrachés à l’Afrique par des « investisseurs » étrangers qui, par le truchement de certains africains dits hommes d’affaires et sous le prétexte de moderniser l’agriculture africaine et de lutter contre la faim en Afrique, s’offrent auprès des tyrans africains et des chefs traditionnels déviés pour des dizaines d’années, de vastes espaces qui leur servent à produire des agrocarburants ou de la nourriture pour des populations lointaines.

Un autre phénomène qui va continuer, c’est la pollution. Des territoires entiers sont  aujourd’hui sous le poids de toute sorte de déchets. Des africains du Nigeria en souffrent terriblement depuis de nombreuses années déjà dans une indifférence totale (voir la vidéo ici http://lajuda.blogspot.com/2012/01/nigeria-une-pollution-insupportable.html). La Somalie, paradis des déchets nucléaires est quasi-inexistant. Les populations sont quasi-totalement détruites et le coup de grâce est en train d’être asséné par le trio USA/Grande-Bretagne/France avec la complicité des satrapies du Kenya, d’Ethiopie, du Djibouti et d’Uganda qui y mènent actuellement une guerre sous le prétexte de lutter contre le terrorisme et particulièrement contre le « milices shebab ».

En 2011, l’Afrique a connu des agressions militaires pour soi-disant rétablir la démocratie et protéger les populations. Connaîtra-t-elle bientôt des guerres « humanitaires » pour y imposer l’homosexualité ? L’Occident pour qui l’Afrique est un terrain de jeu ne va pas s’interdire des agressions pro-homosexuelles le moment venu. Pour les plus optimistes, cela semblerait une exagération. C’est probable. Mais, il faut rappeler que déjà l’Occident par la voix de David Cameron a donné le ton. Le 4 décembre 2011, le premier ministre britannique avait clairement indiqué que son pays couperait son « aide » aux pays africains qui adopteraient des lois contre l’homosexualité. Ceci n’est donc que le début d’une invention d’un nouvel casus belli contre l’Afrique après celui des « droits de l’homme » et de « la démocratie ».

La Chine, avec la complicité des guignols abusivement appelés dirigeants africains, s’efforcera de renforcer sa présence en Afrique. Les observateurs avertis apprendront sans aucune surprise qu’elle ouvre très prochainement des bases militaires en Afrique pour sécuriser “ses terres”, ses citoyens présents en Afrique et ses sources d’approvisionnement en matières premières face aux Occidentaux qui en font autant depuis belle lurette sous différentes bannières à savoir: des bases militaires françaises, des accords de coopération militaire, des opérations extérieures, des manoeuvres militaires communes et Africom que les Etats-unis d’Amérique installent aussi doucement que sûrement.

L’année 2011 a confirmé que l’Afrique est l’un des espaces les plus fragiles au monde. Elle a attesté une fois encore que l’Afrique demeure un continent contrôlé depuis l’extérieur. Son économie est maîtrisée et canalisée vers l’extérieur entre autres avec le Franc CFA qui est une propriété française. Elle a également confirmé que les richesses en terres africaines ne reviennent pas au peuple noir. Elle a démontré que l’Afrique reste, malgré toutes argumentations sophistiquées que beaucoup d’africains aiment porter pour bluffer leur auditoire, la terre où chacun peut venir dicter sa loi à condition de faire preuve d’un peu de témérité, un peu de propagande à l’appui. Majoritairement crédules et séduits, des africains abusés ou convaincus par la propagande, sont prêts à œuvrer contre eux-mêmes et contre l’avenir de leurs progénitures. Nombreux sont ces africains qui brûlent des chapitres entiers de leur personnalité et de leur histoire aussi bien familiale que collective en prétendant être nés de nouveau. En effet, sous le prétexte d’être « born-again », on brûle toutes les traces des anciens, on gomme nos noms, on efface les actes des prédécesseurs perçus comme fétichistes et sataniques. Au nom des religions importées à coups de canons et d’épées, on se pourchasse entre africains et la bible et le coran sont des références suprêmes. Bref, on s’arrache les racines pour devenir des êtres greffés dont les branches, attachées à des troncs étrangers, sont appelées à produire des fruits incolores, insipides, inodores et inconsommables pour la société locale. Jamais dans l’histoire de l’humanité aucun peuple n’est parvenu au niveau de déliquescence atteint par les africains qui adorent ce qui les empoisonne et les tue tout en détruisant ce qui les protège et les vivifie.

Mais comme face à tout challenge, les africains ont le choix entre arrêter l’écroulement ou mourir. Evidemment pour un peuple qui opte pour la vie, la première solution doit être retenue. Le point de saturation étant proche il faut arrêter l’aide que nous portons au projet de suicide élaboré à notre insu avant qu’il soit trop tard. Pour arriver à cela, il faut scruter cette photographie que l’année précédente nous a renvoyée et engager sa correction non pas par photoshop qui se limitera juste à gommer les aspérités virtuelles, mais par un travail de fond qui devra accoucher d’un africain de type nouveau qui s’aimera et aimera plus ses soeurs et frères que d’autres peuples, qui résistera de manière organisée et qui reprendra son espace pour le sanctuariser par une machine de défense militaire et idéologique et le transformer en faveur de son peuple. Un travail de prise de conscience de notre état réel de désorganisation et d’incapacité à résister collectivement s’impose. Ceci nécessite la formation des ressources humaines afin qu’elles saisissent ce qui se passe, qu’elles identifient les fils par lesquels l’Afrique est conservée dans l’esclavage et le colonialisme et qu’elles mesurent par la prise de conscience effective l’ampleur du désastre. Les écoles alternatives doivent fleurir et œuvrer dans la solidarité pour ériger un africain de type nouveau pour qui la résistance dans des cadres organisés doit être un devoir absolu. Dans ces écoles alternatives, l’africain ainsi formé et informé valablement connaîtra la vraie version de son histoire, combattra moins ses propres sœurs et frères qui oeuvrent pour le bien commun, trouvera un panier historique africain dans lequel il puisera les éléments de la renaissance socio-économique et culturelle de son peuple et enfin définira des stratégies gagnantes face à un système qui fonctionne froidement au lieu d’être là à convoquer désespérément des dieux qui ne le connaissent pas et à faire l’apologie des armes qu’il n’a manifestement pas. Car, lorsqu’un peuple en lutte commence par faire confiance tant à soi qu’aux outils se trouvant dans son environnement qu’il doit vaille que vaille chercher à maîtriser, la victoire n’est plus trop loin de sa portée. Et ne pas comprendre que la révolution populaire est le résultat d’une fermentation et d’un travail méthodique nécessitant, au besoin, l’attitude de ce renard qui fait le mort, c’est se jeter dans la gueule du loup voire déboucher sur des voies hasardeuses qui soulèvent des masses avant de les plonger dans la plus pénible des désillusions. Comme le montrent si bien les exemples des révolutions inabouties et totalement contrôlées de l’extérieur au Maghreb et principalement en Egypte.

Il faut espérer, en cette année nouvelle, que les Africains se haïront moins, se détesteront moins et travailleront de manière beaucoup plus structurée dans des cadres organisés sous la houlette d’un leadership avisé et courageux pour arracher leur liberté et leur espace confisqués. Il faut aussi souhaiter qu’ils comprendront que la désorganisation permanente dans laquelle chacun se complaît ne peut que conduire à de chroniques défaites collectives. Il faut enfin espérer que les africains comprendront que seuls les peuples qui sont organisés et qui, suivant les circonstances, sont capables d’alterner la ruse et la force, survivent dans ce monde où le cimetière est le terminus des faibles et des affaiblis. De là, comprendront-ils, il faut le souhaiter vivement, que la ruse et la violence dont le système se sert pour faire triompher ses causes sur nos terres nécessitent des équivalents[3] construits en toute intelligence.
Komla Kpogli




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