“Soutenez et encouragez l’effort des Malagasy
à prendre en main leur avenir”
A la lecture du communiqué de la 368ème réunion du Conseil de Paix et de Sécurité sur la Situation à Madagascar, en date du 22 avril 2013, nous voulons exprimer notre vive indignation face à la cécité méprisante exprimée par le Conseil à l’endroit du peuple Malagasy. Cécité qui en fait, cautionne et légitime un régime putschiste totalitaire imposé par la France.
Dans son communiqué, le Conseil confirme son attachement à la Feuille de Route pour sortir de la crise (paragraphe-3). Mais, face aux quatre années d’intransigeance de Rajoelina et ses amis, quelle est la réponse de la Communauté Internationale et des institutions africaines en particulier (UA, SADC) sinon la complaisance ? Aucune réelle pression ni contrainte n’a été faite aux putschistes pour les obliger à appliquer intégralement les dispositions de la Feuille de Route. A ce titre, la SADC n’a pas assumé ses responsabilités en tant que garant de sa mise en œuvre.
De plus, « Se féliciter des avancées enregistrées dans le
processus de mise en œuvre de la Feuille de route, notamment la mise en place
des principales institutions de la transition et le bon déroulement des
préparatifs pour les prochaines élections présidentielles et législatives,
prévues entre juillet et septembre 2013 » (paragraphe-4) relève de l’exagération déconcertante.
D’une part, rappelons que toutes les
institutions de la Transition sont dominées par le camp des putschistes. Le
gouvernement, appelé à tort « d’union nationale », reste unilatéral car l’opposition n’y occupe qu’une
place symbolique, de façade. Il en est de même pour les deux chambres du
Parlement (CT et CST). Les organismes chargés de préparer et d’organiser le
déroulement des élections sont majoritairement acquis à la cause des
putschistes, si bien qu’il est difficile de croire en leur neutralité et leur
objectivité pour conduire vers des élections transparentes et acceptées par
tous.
D’autre
part, peut-on parler d’avancées lorsque :
- Nombre de prisonniers politiques se trouvent encore
dans les geôles des putschistes ?
- La liberté de la presse n’est pas encore respectée ?
- Les médias audio-visuels de l’opposition restent
interdits ?
- L’article 20, qui prône le retour sans conditions de tous les exilés politiques, notamment le Président élu Ravalomanana, reste lettre morte ?
Force
est donc d’admettre que la Feuille de
Route est un échec pour la sortie de crise. C’est aussi un échec pour
la médiation internationale qui n’a fait que mener en bateau les Malagasy
pendant quatre longues années. Vous avez perdu toute crédibilité auprès des
Malagasy.
Devant
ce constat, nous saluons la prise de responsabilité des Malagasy qui ont décidé
d’engager un processus de dialogue malgacho-malgache sous la conduite de la
FFKM (Conseil œcuménique des Eglises Chrétiennes de Madagascar) dont l’autorité
morale est reconnue par tous, afin de trouver une solution durable à cette
crise. Toute la société malagasy est partie prenante à cette démarche élaborée
de longue date : les entités politiques mais surtout la société civile ;
laquelle démarche devra aboutir à un Sommet des quatre chefs de mouvance. A ce
stade, nous avons besoin d’une réelle concertation pour aboutir à un vrai
consensus.
Aussi,
nous demandons à la SADC, à l’UA, à l’ONU et à la Communauté Internationale en
général de respecter le choix et la
décision du peuple Malagasy souverain en soutenant cet élan citoyen au lieu
de chercher à le détruire. Vous devez encourager une telle entreprise au lieu
de proférer des menaces « contre
tous ceux qui tenteraient de saper les efforts en cours » (Paragraphe 7).
Il ne s’agit pas de « saper les
efforts en cours » mais de chercher une solution à la détresse de tout
un pays qui est profondément meurtri par quatre années de calvaire quotidien.
Nous
voulons aussi mettre en garde l’UA contre toute velléité de levée des sanctions
individuelles contre les 109 putschistes. Il n’est point concevable que ces
assassins de la Démocratie puissent se présenter aux élections qui, jusqu’à
preuve du contraire, constituent le socle de la Démocratie. D’autant plus que
ce serait une grave violation de l’article 96 des Accords de Cotonou qui
interdit à tout auteur de coup d’Etat de diriger un pays.
A
toute la Communauté Internationale, nous disons ceci:
SOUTENEZ ET ENCOURAGEZ LES MALAGASY A
PRENDRE EN MAIN LEUR AVENIR.
Genève, 25 avril 2013
Destinataires :
SADC
UA
ONU
UE
Représentations diplomatiques à Madagascar
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