mardi 23 septembre 2014

SUD - Insécurité : Plus de 200 réfugiés chez un curé



« Vous avez un pays qui a un potentiel, qui a une volonté de développer, qui est aujourd’hui déterminé et s’engage à mettre en place l’Etat de droit, la bonne gouvernance, une justice équitable, la lutte contre la corruption...». Tel a été le crédo annoncé à Hery Rajaonarimampianina lors de sa rencontre avec les autorités françaises. Engagements louables pour lesquels toutefois, les doutes sont permis étant donné que le passé récent de la nouvelle équipe au pouvoir ne permet pas de croire, ne serait-ce qu’un seul instant, que le cap annoncé pourra être gardé.
Comment instaurer un Etat de droit avec une bonne gouvernance, une justice équitable sans l’influence néfaste de la corruption, lorsqu’au sein même du premier cercle de la Présidence, des personnalités manipulées par la force de l’argent parviennent à modifier le déroulement des procédures judiciaires et le fonctionnement des octrois des marchés publics ? Comment surtout faire confiance à des responsables étatiques, qui seraient liés par des arrangements financiers à des malfaiteurs notoires impliqués dans des affaires criminelles, des dossiers de trafics d’or, de bois de rose, de palissandre et de minerais rares et précieux ? Les vols de bœufs bénéficient d’une couverture de protection largement monnayée pour la pérennisation d’un commerce national et international de la viande que personne ne contrôle plus. L’Androy longtemps délaissé sur le plan du développement économique en général et de la lutte contre la pauvreté en particulier, subit jour après jour les assauts de bandes armées au service de riches collecteurs à la solde de puissants patrons locaux et Chinois exploitant des abattoirs au noir. Sans que les autorités locales et centrales réagissent raisonnablement. Complicité et connivence payante obligent. En certains endroits, on emprisonne les victimes des vols de bœufs sous des prétextes fallacieux. Résultats, les éleveurs et les paysans vivent dans la terreur de subir les attaques des dahalos. Les habitants de Soamiry, Vohitsoa, Ihorify après avoir quitté leurs villages n’ont pu trouver refuge que dans les enceintes des missionnaires catholiques d’Antanimora Androy. Le nommé Tanae blessé pendant une attaque a perdu 200 têtes de son troupeau. Selon une source sûre digne de foi, 40 personnes le jour, le nombre des réfugiés s’élèvent à plus de 200 quand vient la nuit. A l’heure qu’il est, sous prétexte de remplir des formalités d’ordre foncier et domanial, un maire et un Chef de District soutiennent des accapareurs de terrains pour chasser les habitants de tout un Fokotany à Anjatelo, District d’Ambovombe-Androy. L’objectif inavoué est d’éloigner les occupants du périmètre de ce Fokotany d’Anjatelo alors que ces derniers même, sans titre foncier comme la majorité des paysans de toute l’île, avaient déjà mis en valeur les terrains, génération après génération et leurs tombeaux ancestraux s’y trouvent aussi. Il n’y a pas à s’étonner si par la suite, comme c’était le cas à Andranondambo, en accusant les villageois de ceci ou de cela, les autorités locales se rendent complices des dahalos qui vont achever les démarches administratives abusives officielles pour déloger les malheureux paysans sans défense par les armes et le pillage. C’est de bonne guerre par les temps qui courent que des fortunés envieux mobilisent la puissance publique pour assouvir leur ambition de posséder une étendue de terrain à l’échelle d’un village ou même d’une commune. L’essentiel pour ces conquistadors de ce siècle sera de pouvoir exploiter la surface ainsi obtenue à des fins industrielles et minières. Ou aussi les deux à la fois. Et le tour de cochon est joué et les perdants seront les paysans. Les exemples récents d’Ankadimbahoaka et d’ ailleurs sont suffisamment édifiants pour qu’on se méfie du laxisme nuisible et partisane de l’administration de ce pays. Son homologue français a raison de dire que l’actuel Président de la République de Madagascar a reçu « l’onction du suffrage universel. C’était très important que Madagascar retrouve cette stabilité ». Mais pour cette stabilité tant souhaitée par tous, de deux choses l’une, ou bien le Chef de l’Etat se débarrasse au plus vite des loups qui peuplent les couloirs du Palais d’Ambohitsorohitra, un tel acte aura le mérite de prouver la volonté politique de mettre de l’ordre dans la conduite des affaires étatiques, ou bien il s’accommode de la présence pernicieuse de collaborateurs véreux qui protègent des malfaiteurs trafiquants d’or, pilleurs en puissance des chapitres budgétaires du pays à la grande désolation de tous les contribuables. Et c’est tant pis pour le changement de mœurs politiques qui conduit vers le développement et la résurrection de Madagascar. Le Premier ministre Roger Kolo a intérêt à réagir aussi pour larguer les canards boiteux. Autrement, les mauvais esprits vont se servir de lui en guise de fusible pour justifier l’amateurisme et la mauvaise foi avérés de quelques ministres indignes. Le public veut des noms ? Il suffit de relire les publications des médias et l’Alliance Voahary Gasy. Il faut donner le temps au temps et au premier Président de la 4ème République, tout en se souvenant de cette phrase d’Abraham Lincoln qui dit si bien. « Le silence devient un péché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation, et d’un homme, il fait alors un lâche ».

La Nation

http://www.lanation.mg/article.php?id=14020


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Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".