jeudi 11 mai 2017


Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’acharnement des autorités malgaches contre le journaliste engagé Fernand Cello qui a été placé en détention provisoire. Il doit répondre de sept chefs d'accusation outranciers. L’organisation appelle à sa libération immédiate.

Dans la soirée du 6 mai 2017, Avimana Fernand, alias Fernand Cello, journaliste d’investigation à Radio Jupiter, à Ilakaka, dans le nord du pays, a été arrêté par des individus se présentant comme des gendarmes, alors qu’il sortait d’une clinique privée où il était soigné depuis quelques jours à Antananarivo, capitale de Madagascar.

Connu pour ses enquêtes et pour avoir notamment révélé l’existence d’une exploitation illégale de saphir dans la région d’Ilakaka, le journaliste est aujourd’hui sous le coup de sept chefs d’accusations dont “diffamation publique”, “dénonciation abusive”, “propagation de fausses nouvelles”, “appel à la haine” et “atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat”, sans qu’il soit possible de savoir à quels faits précis ces charges se réfèrent. Une autre accusation pour “vol de chéquiers“ a été rajoutée par la compagnie d’électricité Maherlla, dont il avait également dénoncé les malversations en août 2016.

“Reporters sans frontières dénonce les pratiques des autorités malgaches qui préfèrent harceler un journaliste pour son travail d’enquête plutôt que de regarder en face les conflits d'intérêts et la corruption qui minent la nation. L’excessif nombre de charges retenues contre le journaliste montre qu’il s’agit simplement de mettre un terme aux investigations d’un journaliste qui dérange parce qu’il touche juste. Nous demandons l’abandon des charges et la remise en liberté du journaliste.”

Fernand Cello a été interpellé alors qu’il sortait tout juste de la clandestinité qu’il avait rejoint en décembre 2016, après un violent raid de l’armée sur sa radio. Peu avant cette intervention militaire, qui s’était soldée par la confiscation de l’émetteur de la radio, le journaliste avait, à l’antenne et sur les réseaux sociaux, dénoncé une exploitation illégale de saphirs par l’entreprise minière Gondwana appartenant à des proches du pouvoir. Ces révélations, qui lui ont valu d’être menacé de mort, avaient conduit le journaliste à se réfugier dans la capitale.

En août 2016 déjà, Radio Jupiter avait également été mise hors service par la compagnie locale d’électricité, Maherlla. Le fournisseur privé d’électricité avait coupé l’approvisionnement énergétique de la radio après la diffusion d’une émission du journaliste dénonçant la collusion financière entre l’entreprise et le maire d’Ilakaka.

Le 21 avril dernier, le ministère des Mines a finalement décidé de suspendre les activités de la société Gondwana pour non respect des dispositions du Code minier. Encouragé par ce verdict, Fernand Cello avait repris plus ouvertement ses activités.


Madagascar occupe la 57e place sur 180 pays dans le Classementde la liberté de la presse établi par RSF​ en 2017.

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