Crise malagasy : « Nous
n’accepterons jamais les ingérences étrangères qui mettent gravement en péril
notre Souveraineté »
En son âme et conscience, la nouvelle Cour Electorale
Spéciale (CES) vient d’exécuter les directives tant souhaitées par la GIC-M
d’éliminer la candidate Lalao RAVALOMANANA de la course à la présidentielle. Et
la Communauté Internationale, la France en tête, se réjouit de la décision en la qualifiant de
« progrès important » voire un « aboutissement » du processus
de sortie de crise. Pour nous, c’est au contraire une décision politique
injuste, insultante et méprisante qui a été imposée au peuple Malagasy et
contre laquelle nous voulons exprimer notre vive indignation.
La nouvelle CES a motivé sa décision par le fait que Mme
Ravalomanana, plébiscitée par le peuple légaliste pour diriger le pays, n’a pas rempli la condition de résidence de
plus de 6 mois à Madagascar, alors que le séjour temporaire qu'elle venait d'effectuer en
Afrique du Sud est consécutif aux événements politiques de 2009. De plus, lors de ses tentatives de retour,
elle a été empêchée et refoulée comme une vulgaire clandestine par le pouvoir
putschiste.
Par cette décision, les Malagasy ont compris que la
Communauté Internationale n’est qu’un groupe d’intérêts au service des grandes
puissances qui ne se soucie guère de l’intérêt général de la population, qui
n’hésite point à bafouer les règles démocratiques élémentaires en privant des
millions de personnes [1] le pouvoir d’élire le ou la candidate de leur choix; et le GIC-M en est le
préposé. Rien ne saurait justifier ce déni de démocratie et il est d’autant
plus ahurissant que la France, qui s’affiche comme le chantre de la démocratie
et des droits de l’homme, soit complice de cette manœuvre.
Doit-on vous rappeler que les mesures imposées actuellement
pour la sortie de crise foulent aux pieds la souveraineté nationale malagasy ?
De quel droit et en vertu de quel principe le GIC-M pouvait-il faire changer
les lois nationales et annuler une décision officielle, celle rendue par la CES
validant la candidature de Mme Ravalomanana ? C’est de l’ingérence grave
contraire aux principes fondamentaux du droit international. Madagascar n’est
ni un pays sous tutelle ni une colonie, c’est un pays indépendant et souverain
qui appartient aux 22 millions de Malagasy.
Nous voulons clamer haut et fort que :
Nous, peuple Malagasy, revendiquons auprès de la Communauté
Internationale notre droit d’élire et de choisir librement notre dirigeant. Nous
n’accepterons jamais les ingérences étrangères qui mettent gravement en péril
notre souveraineté.
Il se développe actuellement un
sentiment d’exaspération, voire de haine qui pourrait glisser gravement vers la
guerre civile. Les précédentes ne manquent pas en Afrique.
Aussi, nous refusons
catégoriquement toute élection forcée et précipitée dans les conditions
actuelles où les mesures d’apaisement passeront après les élections. Ces
dernières ne seraient jamais
libres, transparentes et acceptées par tous, ce serait de la pure mascarade
destinée tout simplement à légitimer un putschiste ou son allié par la voie des
urnes et ce, avec la complicité de la Communauté Internationale. Manifestement,
les Accords de Cotonou n’ont aucune valeur à vos yeux.
En outre, nous voulons mettre particulièrement
en garde la France et ses complices (nationaux et internationaux) contre tout
agissement allant à l’encontre de la volonté du peuple Malagasy. La France doit
cesser sans délai de considérer Madagascar comme sa colonie.
Enfin, devant l’échec patent de la médiation
internationale, nous exigeons de la Communauté Internationale le strict respect
du choix des Malagasy de vouloir régler leurs problèmes entre eux sous l’égide
de la FFKM qui est l’autorité morale capable de mener à bien la réconciliation
nationale pour sortir durablement de cette longue, très longue crise aux
conséquences socio-économiques particulièrement désastreuses.
Fait le
27 août 2013
GTT International-Genève
GTT La Réunion
[1] Les
légalistes, d’après des sondages effectués par les pays occidentaux (la France
notamment) sont crédités de plus de 60% des voix.
Destinataires:
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ambafrance-mada@orange.mg,
chinaemb_mg@mfa.gov.cn,
memad@moov.mg,
antananarivo.admin@foreign. gov.za,
ambassade.antananarivo@mfa. gov.tr,
ant.vertretung@eda.admin.ch,
PAOAntananarivo@state.gov,
askthecharge@state.gov,
delegation-madagascar@ec. europa.eu,
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