lundi 27 novembre 2023

TI-MG - PRÉSIDENTIELLES 2023 : LE TRIOMPHE DE LA CORRUPTION, DE L’ARGENT ET DE LA COMPLAISANCE SUR LA DÉMOCRATIE

 

Antananarivo_25 novembre 2023. Les résultats du scrutin présidentiel controversé du 16 novembre dernier ont été proclamés ce jour au siège de la CENI. Sans surprise – et tel qu’il l’avait annoncé il y a quelques mois – Andry Rajoelina gagne au premier tour avec 58,95% des suffrages.

Les observateurs internationaux seraient unanimes en affirmant que « l’élection présidentielle du 16 novembre à Madagascar s’est déroulée sans incident majeur et a rempli toutes les normes internationales en matière électorale… Les quelques manquements et imperfections constatés ça et là ne peuvent remettre en cause de façon globale le bon déroulement et la crédibilité de cette élection. » Une telle unanimité est plus qu’inquiétante, en sachant que la bénédiction des observateurs électoraux – et par extension, de la communauté internationale – constitue l’extrême onction qui validera les résultats électoraux. 

Combien de manquements et d’imperfections faut-il comptabiliser pour remettre en cause la crédibilité d’une élection ? Quel est le seuil de tolérance envers les irrégularités, le manque d’intégrité et la corruption dénoncés par de nombreux observateurs depuis le début du processus électoral ? Un hold-up, pire – un viol électoral, a été orchestré, prémédité et perpétré au vu et au su de tous, mais ceux qui avaient entre leurs mains le pouvoir de l’empêcher et de sauvegarder la dignité du peuple malgache ont choisi la complaisance et la voie de la facilité. La non-ingérence est un prétexte trop facile, à la limite du fallacieux, lorsque le sort de millions de personnes, d’une nation entière, est en jeu. La politesse du langage diplomatique et la satisfaction du service fait – des millions de dollars ou d’euros investis dans un processus capturé d’avance – ont rajouté du lubrifiant à un mécanisme de v(i)ol électoral déjà bien huilé. Tout le monde savait que la catastrophe était imminente mais la majorité, même les Evêques de Madagascar, ont choisi de fermer les yeux et de laisser faire. Ceci malgré la violence, les multiples violations des droits humains, la corruption et le misérabilisme qui ont entouré ce processus. « Quelques manquements et imperfections », donc…

Beaucoup a été dit, et des organisations de la société civile ont essayé de faire front, en documentant, analysant et dénonçant les mauvaises pratiques, afin de prévenir cette catastrophe. Ceux qui ont essayé de résister, non à des fins partisanes, mais pour essayer de défendre les libertés les plus fondamentales auxquelles les Malgaches ont aussi droit – mais qui sont systématiquement foulées au pied par les détenteurs du pouvoir, – ont été moqués et dénigrés. Les résultats électoraux proclamés ce jour ne sont pas simplement ceux des « efforts » déployés par le camp du « vainqueur », mais aussi les résultats d’un manque patent de culture démocratique, de la faiblesse de la conscience civique collective et de la misère (dans tous les sens du terme) ambiante.

Le désespoir serait de mise, non parce que tel ou tel individu a « gagné », mais parce que l’acceptation de ces résultats équivaut à l’acceptation et à la légitimation du processus et de toutes ses irrégularités. Ce sont l’absence totale d’éthique dans l’organisation de ces élections, et le sentiment de s’être totalement fait abuser, qui suscitent l’indignation et la colère – elles aussi réprimées par le chef d’Etat par intérim dont l’indélicatesse des méthodes n’est plus à démontrer. Les gardes à vue abusives et le harcèlement judiciaire de syndicalistes, tout comme la répression de toute contestation ces derniers jours et mois en attestent. L’acceptation de ces résultats signifie aussi la reconnaissance de l’exploitation de l’extrême pauvreté comme technique ultime pour gagner des élections à Madagascar, et c’est intolérable.

Mais le désespoir ne triomphera pas, car Madagascar et les Malgaches méritent mieux. La résistance doit s’organiser, non contre un individu, un camp politique ou une couleur, mais contre l’illégalité et la capture totale de l’Etat par des intérêts privés et par le diktat de l’argent. Transparency International – Initiative Madagascar continuera à œuvrer pour plus de transparence, d’intégrité et de redevabilité, et à se dresser contre la corruption, quelles que soient les circonstances, quels que soient les dirigeants (ou les opposants). Que chacun prenne également ses responsabilités et agisse en conséquence. 

Ho an’ny tanindrazana.

https://www.transparency.mg/communiques-de-presse/presidentielles-2023-le-triomphe-de-la-corruption-de-largent-et-de-la-complaisance-sur-la-democratie/


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire


Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".