Depuis le
coup d’Etat de 2009, Madagascar subit pour la troisième fois une élection ni
libre ni acceptée par tous.
Si pour
l’élection de 2014, la Communauté Internationale a imposé l’exclusion des
candidatures de l’ancien président Ravalomanana et le putschiste Rajoelina sans
se soucier de la souveraineté nationale, en 2023, cette même souveraineté
nationale est invoquée pour masquer sa lâcheté face au coup d’Etat
constitutionnel de Rajoelina avant les élections et décrié par l’ensemble de la
société civile.
A Madagascar,
l’interférence française dans les affaires malgaches est patente à travers la
présence de grands groupes du CAC40 comme Colas, Orange, Total, etc… comme le
souligne le magazine MondAfrique. Il n’y a
rien de plus normal que la France se soucie et priorise ses intérêts, mais pas
aux dépens de ceux des 28 millions de malgaches dont les 80% sont sous le seuil
de la pauvreté. On est toujours dans la continuité de cette logique prédatrice
de la période coloniale, seules les formes changent mais le fond reste. Ces
visées associées à une corruption généralisée, maintiennent scandaleusement le
pays dans la pauvreté.
En fait, le
pays est entraîné dans une spirale de paupérisation croissante induite par le
régime autocratique de Rajoelina, avec la complicité de la communauté
internationale. Doit-on s’étonner que Madagascar, qui pourtant n’a jamais connu
de guerre, se trouve parmi les pays les plus pauvres au monde ?
Et la situation actuelle à l’issue de ce scrutin présidentiel
biaisé ne présage rien de positif pour l’avenir.
La
Déclaration préliminaire de la Mission d’observation électorale de la SADC,
rendue à l’issue du 1er tour, mérite d’être relativisée pour certaines de ses
affirmations.
D’abord,
s’agissant de la méthode, le Rapport se base sur seulement 209 Bureaux de vote sur
27375 (moins de 1%). C’est insuffisant pour tirer des conclusions au niveau
national. De plus, on ne connaît pas les critères de choix des bureaux de votes
observés.
En outre, le
Rapport soulève seulement deux irrégularités, ce qui est difficile à admettre
eu égard aux intentions et manœuvres pré-électorales du camp Rajoelina pour
assurer sa victoire. Rappelons que le Président par intérim actuel, le général
Ravalomanana, un fidèle de Rajoelina, a accédé à cette fonction à la faveur
d’un tripatouillage institutionnel lui permettant de devenir président du Sénat
après la vraie-fausse démission du précédent président.
Aussi, sans
remettre en cause le contenu du Rapport, force est tout de même de constater
qu’il ne reflète pas la réalité surtout concernant les techniques et modalités
de fraudes utilisées à grande échelle. On n’ose pas croire en la complicité de
la SADC à ces manœuvres anti-démocratiques qui bafouent les droits les plus
élémentaires du peuple malgache, mais aussi source d’un profond ressentiment
populaire.
L’observatoire indépendant SAFIDY, quant à lui, est plus réaliste
dans son Rapport (base 10 000 bureaux de vote contre 209 de la SADC) en
pointant des irrégularités avec des éléments factuels qui permettent de bien
mesurer l’ampleur de la fraude électorale mise en place. Parmi ces faits:
·
large distribution d’argent
effectué particulièrement par le candidat Rajoelina pour acheter des voix;
·
menaces et Intimidation à
l’encontre des observateurs malgaches;
·
des électeurs ont voté plusieurs
fois;
·
des citoyens votent sans présenter
de cartes d’identité.
De plus, il faut relever les actes graves suivants qui ont suivi
le scrutin :
·
des manifestations pacifiques
violemment réprimées par les forces de l’ordre;
·
deux candidats aux présidentielles
interpellés;
·
une vingtaine de manifestants en
prison;
·
le représentant du syndicat des
enseignants chercheurs en grève est convoqué par la gendarmerie;
·
Fusillade en pleine rue de la
capitale qui s’apparente à une exécution par les forces de l’ordre, faisant 5
victimes dont un ex-proche de la présidence et de la présidente de l’AN.
Quels que
soient les résultats de cette farce électorale annoncés par la CENI, aucun
candidat ne les reconnaîtra sauf Rajoelina. Tous les ingrédients d’une crise post-électorale
sont réunis avec un pays au bord de l’insurrection dont les conséquences sont
imprévisibles.
On ne peut pas éternellement obliger le peuple à accepter
l’inacceptable, légendairement calme ou culturellement pacifique soit-il
!!
GTT
International-Genève
25 novembre 2023
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