jeudi 10 mars 2011

Observateur anonyme: Un travail Baclé de SIMAO

Oui, on peut le clamer: voici un travail bâclé ! Car, face à une crise dont l'ampleur gonfle de jour en jour, on ose présenter au peuple malgache et à la communauté internationale un document totalement décalé, rédigé dans la hâte et malgré tout pompeusement baptisé "feuille de route pour la sortie de crise" dernière version, laquelle d'ailleurs ne tient aucunement compte des contre-propositions émises dans la plus grande attention par les mouvances principales de l'échiquier politique.

Qu'y relève-t-on ? En voici un florilège en onze points:

une tromperie intellectuelle manifeste, car en réalité, par rapport à la version d'avant il n'y a rien de substantiellement différent;



on persiste à resservir deux erreurs rédhibitoires et d'une grande gravité, qui sont sources de perpétuation de la crise:

la consolidation de M. Rajoelina comme Président avec des pouvoirs exorbitants,

l'élimination politique de M. Ravalomanana,

Mais il convient d'ajouter une 3ème erreur:

le mépris de l'aspiration du peuple en le privant du seul acte par lequel il doit exercer sa souveraineté pour mettre fin à la crise (élection présidentielle dans les plus brefs délais);


on met volontairement la charrue avant les boeufs, puisqu'on ne donne aucune priorité aux mesures préalables d'apaisement;

contrairement à tous les principes et valeurs de bonne gouvernance,et en dépit du fait qu'il est nommément sanctionné par l'Union Africaine pour avoir fait un coup d'Etat et se maintient au pouvoir en foulant les droits fondamentaux aux pieds, M. Rajoelina est conforté comme Président de la Transition;

on gomme scandaleusement d'un trait de plume (voir. point 30 de la "feuille de route") les avancées des accords de Maputo et d'Addis-Abeba qui ont pourtant acquis, avec le contre-sein de la communauté internationale, valeur constitutionnelle;

conçu pour être la clef de voûte de la Transition, son Président va détenir des pouvoirs sans partage, qu'il est au contraire indispensable de les contenir, notamment au moyen d'un partage équilibré des pouvoirs (voir points5, 6 et 7 de la "feuille de route");

les élections législatives, qui ne servent à rien en période transitoire puisqu'il y a un Parlement de la Transition, sinon à retarder les présidentielles ou à les diluer (en cas de jumelage), sont destinées à affaiblir le prochain Président élu, alors qu'on a besoin d'un Président dans la plénitude de ses prérogatives;

le point 13 de la "feuille de route" est d'un charabia inimaginable, qui illustre bien la précipitation avec laquelle le rédacteur à concocté sa copie;

dans l'architecture actuelle de la "feuille de route" où le Président de la Transition aura les mains libres, la pétition de principe émise au point 15 est illusoire;

le point 17 dénote une naïveté incroyable, sinon un mépris des évidences, car comment croire qu'un M. Rajoelina putschiste ses amis politiques qui seront évidemment présents en grand nombre dans cette Transition" soit disant neutre, inclusive et consensuelle, vont d'un
coup de baguette magique se muer en protecteurs des droits de l'Homme?;

comment admettre, au point 20 de la "feuille de route" un tel ostracisme et une telle volonté d'éliminer M. Ravalomanana, un homme politique aussi incontournable, pour offrir à sa place un boulevard àun putschiste patenté et sanctionné par l'Union Africaine ?

Non, la pilule ne passe pas !

Doit-on rappeler qu'un médiateur se doit de recueillir sans esprit sélectif les positions des uns et des autres, qu'il a le devoir de maintenir un climat de confiance et de sérénité, qu'il doit avoir pour souci majeur de traduire honnêtement les apports des uns et des autres, que l'équilibre et l'équidistance tiennent lieu d'étalon de mesure, et qu'en aucun cas il n'est arbitre qui tranche dans le vif ni un conciliateur qui impose "sa" solution. Son autorité et par conséquent sa crédibilité, qui dépendent étroitement de l'application de ces principes, seront d'autant plus grandes qu'il aura en outre la hauteur d'esprit de se corriger.

Le peuple malgache mérite mieux. Personne n'en disconvient. Alors, remettons-nous à l'ouvrage !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire


Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".