Lettre
ouverte à la Communauté Internationale et à la SADC
Il
faut sauver le peuple Malagasy qui meurt à petit feu
Cela
fait exactement trois ans que Madagascar se trouve dans une crise
politico-économico-constitutionnelle profonde, la plus longue que le
pays ait jamais connue. Malgré la signature de la Feuille de Route,
le 16 septembre 2011, ainsi que les nombreux accords et négociations
menées pour tenter de trouver une issue, force est de constater que
Madagascar ne se dirige pas vers une véritable sortie de crise mais
au contraire vers une impasse qui prolonge dangereusement le calvaire
quotidien des 20 millions de Malagasy.
Plusieurs faits viennent étayer cette affirmation.
Sur le plan politique, c'est toujours l'unilatéralisme teinté de voyoucratie qui règne actuellement à Madagascar. Rajoelina et son gouvernement se moquent totalement du sort de la Feuille de route, faisant fi tout sens de l’engagement International et méprisant au plus haut degré les droits élémentaires et civiques du peuple malagasy.
La
date du 29 février, convenue comme date butoir pour l'application
effective des dispositions de la feuille de route lors de la réunion
d'urgence convoquée par la Troïka à Prétoria, le 24 janvier 2011,
n'est pas respectée. En effet,
- la loi d'amnistie, exigée pour permettre le retour des exilés politiques, n'est pas encore promulguée,
-
aucune
des mesures d'apaisement demandées (retour sans conditions des
exilés politiques notamment le Président Ravalomanana, ouverture
des médias et libération des prisonniers politiques) n'est
adoptée, pourtant ces dernières constituent les préalables
obligatoires pour réussir la transition.
Au
contraire, les putschistes et leurs complices se sont empressés à
engager le processus électoral avec la mise en place de la CENIT
dont la constitution suscite nombre de remarques:
- elle ne pourra être réellement indépendante car les partis et groupements politiques signataires de la Feuille de Route, et proches de la HAT, sont massivement présents au détriment de la société civile,
- toutes les entités politiques ne sont pas représentées,
- les critères de représentation et de nomination des membres ne sont pas très clairs,
- la crédibilité de son rôle est entamée car le texte sur le code électoral circule déjà au sein du Parlement avant même la mise en place de la CENIT qui, rappelons-le est chargée de son élaboration.
Bref,
la précipitation avec laquelle la CENIT a été mise en place ne
permet pas de garantir des élections crédibles, transparentes et
acceptées par tous.
Sur
les plan socio-économique et humain, le peuple Malagasy, à qui l’on
a déjà confisqué la victoire par la force, ne peut plus supporter
ce régime totalitaire avec le lot de misère qu’il a généré, à
titre d’exemples:
- le sac de charbon de bois, la première source d'énergie utilisée par la majorité des foyers, coûte environ 8 EUR,
- le sac de riz, la nourriture de base des Malagasy, est à 20 EUR environ soit 0,40 EUR le kilo,
- le prix de l’électricité vient d’augmenter de 17%,
- le litre du carburant (gazole) est à plus de 1 EUR,
Alors
que 8 Malagasy sur 10 vivent avec moins de 1 EUR par jour (selon
le PNUD), les conséquences sont tout simplement dramatiques:
- le niveau de pauvreté atteint actuellement 77% de la population, le plus élevé en Afrique (une augmentation de 20% depuis 2008 d’après la Banque Mondiale),
- 57% de la population ne mangent plus à leur faim (selon le quotidien La Gazette de la GI dans son édition du 6 mars 2012),
- de plus en plus d’enfants ne peuvent plus être scolarisés faute de moyens pour les parents.
Et
comme si cela ne suffisait pas, le récent passage de deux cyclones
dévastateurs a mis à genoux la population.
La
Communauté Internationale, principalement la SADC, ne peut plus
rester passive face au drame humain qui se dessine. L’ultimatum du
29 février étant expiré, nous demandons à la SADC de réagir
fermement et de faire preuve d’autorité face à ce régime voyou.
Concrètement,
nous EXIGEONS que la SADC:
- prenne directement en charge le retour du Président Ravalomanana à Madagascar avec toutes les mesures de sécurité nécessaires,
- oblige les autorités de transition à mettre en oeuvre les mesures d’apaisement prévues, à savoir l’ouverture des médias de l’opposition, la liberté d’expression et la libération des prisonniers politiques,
- apporte son soutien au dialogue malgacho-malgache à travers l’organisation d’un Sommet à Antananarivo réunissant les 3 Présidents élus et les entités issues de la société civile pour une solution définitive à la crise.
Rappelons
que M. Louis MICHEL a, lui aussi, abondé dans ce sens en appelant la
SADC à soutenir un tel Sommet qu’il qualifie d’un “exemple de
démocratie pacifique” (lors
de la 7ème réunion régionale de l’Assemblée parlementaire
paritaire ACP-UE à Lusaka – Zambia, du 22 au 24 février 2012).
La
Communauté Internationale et plus particulièrement la SADC doivent
contraindre Rajoelina par tous les moyens à se conformer aux
dispositions convenues ou mieux en
l’écartant carrément du processus de transition.
Cela
ne peut être que salutaire pour les Malagasy exténués par une si
longue crise qu’elle n’a pas choisie. C’est quand même la vie
de 20 millions de personnes qui est en jeu.
GTT INTERNATIONAL – GENEVE
15,
rue des Savoises
1200
GENEVE (CH)
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