mardi 11 mars 2014

MADAGASCAR – Appel à la Communauté Internationale: « N’exigez pas du peuple Malagasy le remboursement des fonds que vous octroyez au pouvoir corrompu »




Malagasy Mandresy, Madagasikara Afaka
Peuple Malagasy Gagnant. Madagasikara Libre

Winner Malagasy People. Free Madagasikara


MADAGASCAR – Appel à la Communauté Internationale
« N’exigez pas du peuple Malagasy le remboursement des fonds que vous octroyez au pouvoir corrompu »


Plus de deux mois après les élections présidentielles et législatives forcées, rien, absolument rien ne permet d’affirmer que le pays s’engage dans la bonne direction contrairement aux récentes déclarations de l'Union Européenne. Au contraire, la conjonction de plusieurs éléments nous conduit à affirmer que l’on s’achemine vers une nouvelle crise politico-institutionnelle. C’est une situation prévisible eu égard à la mauvaise foi de la Communauté Internationale, maître d’œuvre de ces pseudo-élections contestables et maintes fois rejetées par les Malagasy[1], comme si elles étaient la solution miracle de sortie de crise. Le pays reste plongé dans l'illégalité malgré les appels répétés du peuple malagasy.
Avec les dispositions constitutionnelles en vigueur (Constitution de 2010), bricolées par la HAT et non reconnues par la Communauté Internationale,  M. Rajaonarimampianina ne parvient pas à nommer le premier ministre et opte pour la prolongation du gouvernement de transition de M. Beriziky. Ce qui signifie que le pays se trouve toujours dans l’incertitude, les dirigeants prennent tout simplement en otage les 22 millions de Malagasy qui sont déjà dans un état de misère profonde.
En outre,  les soi-disant changements opérés au sein de certaines institutions, relèvent de la gesticulation destinée à berner les Malagasy. Les personnalités nouvellement nommées sont des proches du pouvoir putschiste et leur affectation ne respecte ni les règles d’usage en la matière dans les hautes institutions ni l’éthique (des personnalités au passé controversé). En effet,
  • la nomination de M. Jean-Eric Rakotoarisoa à la HCC est fortement contestée par le syndicat des magistrats pour non-conformité aux règles de nomination. Il est aussi membre fondateur du SEFAFI (Observatoire de la vie publique) dont la complicité dans le coup d’Etat de 2009 a été dénoncée à plusieurs reprises[2],
  • M. James Andrianalisoa, le nouveau DG de l’ACM (Aviation Civile de Madagascar), conseiller spécial de M. Rajaonarimampianina, lui-même Président du Conseil d’Administration d’Air Madagascar, n’est pas non plus exempt de tout reproche au regard de son passé[3],
  • quant à M. Ny Hasina Andriamanjato, dernièrement nommé PDS d’Antananarivo, il a participé activement à la préparation des tueries du 26 janvier et du 07 février 2009[4].
Bref, tout est de la diversion pour éviter la réalisation des engagements contenus dans la feuille de route, notamment :
  • les exilés politiques y compris le Président Ravalomanana ne sont toujours pas autorisés à rentrer. Au contraire, l'actuel Procureur général près la Cour d’Appel, M. Randrianasolo, vient récemment de raviver la tension en déclarant que « le Président Ravalomanana devrait être arrêté une fois de retour au pays ! ».  La situation concrète est très loin de l'apaisement prôné par le régime M. Rajaonarimampianina,
  • les prisonniers politiques croupissent encore en prison,
  • aucune des stations de radio et de télévision qui ont été fermées n’est autorisée à rouvrir,
  • la liberté d’expression est toujours confisquée, la presse n’est pas libre[5]. Le nouveau régime, par une disposition prise en conseil des Ministres du 27/02/2014 (n°010-PRM/COM.14), menace carrément toute attitude journalistique qui ne cadre pas avec la politique gouvernementale,
  • les pratiques affairistes et mafieuses, le pillage des ressources nationales et les trafics en tout genre se poursuivent. Tout récemment, un navire tanzanien avec un chargement très important de bois de rose a échoué au large des côtes orientales de l’île[6]. Notons également que deux fourgons de la Banque centrale transportant une somme évaluée à plus de 230 milliards d’Ar[7], soit 80 millions d'euros, ont disparu sans qu’aucune enquête ne soit diligentée. Il en est de même concernant la provenance des 43 millions de dollars dépensés par Hery Rajaonarimampianina pour sa campagne présidentielle,
  • l’insécurité, les attaques armées et le pillage de biens privés ne cessent de s’amplifier notamment dans les zones rurales, à tel point que les paysans demandent l’autorisation de détention d’armes à feux pour se protéger[8],
  • tous les putschistes sont encore au pouvoir, pire les élections les ont légitimés. Pour preuve, M. Ratsirahonana, ancien conseiller spécial de Rajoelina et faiseur de coup d’Etat, occupe toujours le même poste auprès de M. Rajaonarimampianina.
Au vu de ces réalités, nous voulons dénoncer l'attitude de la Communauté Internationale d’avoir voulu se débarrasser du « cas Malagasy » en imposant ces pseudo élections entachées de fraudes massives dont les conséquences post électorales sont désastreuses.
Nous demandons donc à ce que la Communauté Internationale assume pleinement sa responsabilité en prenant des mesures fermes et adéquates.
Dans les prochains jours, M. Rajaonarimampianina ira rencontrer respectivement les responsables de la Banque Mondiale, du FMI et les représentants de l’UE à Bruxelles pour demander des fonds. Aussi, nous exigeons de l’ensemble des bailleurs internationaux de s’abstenir de tout versement de fonds et aides sans engagements fermes et résultats probants de la part des autorités en place, sous peine de les voir détournés de leurs objectifs. Dans le cas contraire, le pays et les générations futures ne seraient pas tenus responsables de leur remboursement.
Ce n’est pas au peuple Malagasy, déjà meurtri par toute cette période de souffrance et de misère quotidiennes, de rembourser les fastes du pouvoir. Ce serait de l’entière responsabilité des institutions impliquées et des dirigeants corrompus.


Genève, le 11 mars 2014


GTT INTERNATIONAL GENEVE - Collectif des Patriotes Malagasy
15, rue des Savoises
1205 GENEVE - SUISSE


Destinataires :
UE – ONU – SADC -  UA - Représentations diplomatiques à Madagascar - Banque Mondiale - FMI






[1] En réalité, Hery Rajaonarimampianina n’a été élu que par 25% des Malagasy (2 millions sur 8 millions d’électeurs).
[3] Le nouveau DG de l’ACM (ex-DG d’Air Mad), ami de M. Rajaonarimampianina (lui-même Président du CA d’Air Mad) est un ancien exilé en France frappé d’un mandat d’arrêt international. Il a été accusé de sabotage à des fins personnelles. En 2012, il a été recruté à prix d’or (il demandait une rémunération d’expatrié !) pour redresser la compagnie sans vraiment de résultat probant.
[5] Madagascar est classé 88ème (sur 179 pays) dans le classement mondial de la liberté de la presse, derrière le Niger ou le Burkina Faso, selon RSF.

1 commentaire:

  1. Bien dit et resumant bien la situation nationale vue par les malagasy

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Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".