Interpellation de la Mission de suivi des élections à
Madagascar
Au regard de la situation
actuelle, force est de constater que la crédibilité du processus électoral pour
les élections de 2018 est fortement compromise. La main mise du parti
présidentiel sur tous les instruments électoraux laisse présumer que les conditions
pour une élection libre et transparente seront loin d’être réunies. Les
faits rappelés ci-dessous viennent attester nos propos :
-
Les futures élections s’appuient sur une Constitution
(votée dans des conditions illégales), qui favorise l’accaparement de tous les
pouvoirs. Cette situation imposée par le régime putschiste et fortement décriée
pendant les élections de 2013 n’a pas été résolue.
-
La loi n°2015-020 du 19 octobre 2015 qui régit actuellement la
CENI confirme le simulacre d’indépendance accordée à cette dernière. Pour
preuve, la très grande majorité des membres sont des personnalités appartenant
au camp présidentiel de par les modalités de leur nomination ou d’élection
(art.15). Si bien que, aussi surprenant soit-il, le président de la CENI,
lui-même désigné par le Président de la République, a appelé solennellement au
respect de son indépendance. De plus, son financement dépend directement de
l'Exécutif (art. 106 et 108).
-
Les acteurs dans l’élaboration des listes électorales
sont sous l’emprise de l’étau présidentiel à savoir : la soumission ou la
suppression des subventions étatiques pour leurs communes ou encore, l’illégal remplacement
des chefs fokontany les plus récalcitrants par des hommes du régime ;
-
Alors que la Constitution prévoit la démission du
Président-candidat 60 jours avant le scrutin, pour être remplacé par le
Président du Sénat, M. Rajaonarimampianina a usé d’un habile stratagème dans le
but de garder la maîtrise des opérations pendant la période électorale, en
propulsant son homme de confiance et chef de son parti HVM, à la tête du Sénat.
-
Le code de la communication adopté le 7 juillet 2016,
donne le droit au Président d’interdire la création de nouveaux médias, de
maintenir la fermeture, depuis le putsch de 2009, d’une centaine de stations de
radio alors qu’en même temps, plusieurs médias acquis aux causes du régime voient
le jour. La
liberté d’expression demeure confisquée. Ainsi, les opposants seront privés de
moyens d’expression pour mener à bien leur campagne.
-
Des arrestations arbitraires sont menées régulièrement
à l’encontre des journalistes ou des civils.
-
Plusieurs prisonniers d’opinion croupissent en prison
comme c’est le cas de Raleva, un défenseur de l’environnement.
-
Les
opposants politiques font l’objet de pression permanente, à l’instar de
l’ex-président Ravalomanana dont l’entreprise a été illégalement fermée.
-
La corruption généralisée, les détournements de fonds
publics, les trafics en tout genre, les pillages des biens privés et
publics et l’insécurité généralisée constituent le quotidien des Malagasy dont,
rappelons-le, la très grande majorité (71,5% selon le PNUD) se trouve déjà dans
une situation d’extrême pauvreté.
-
La loi sur la réconciliation nationale du 13 décembre
2016 met en péril l’inclusivité pour les prochaines élections.
Au vu de ces éléments et pour assurer un processus
paisible et apaisé, nous demandons à la
Mission de suivi des élections à Madagascar, qui se pose comme garante des
prochaines élections, de revoir tout le dispositif du système électoral,
notamment :
- - garantir l’inclusivité pour les prochaines élections,
également préconisée par le Parlement européen dans sa Résolution en date du 16
novembre 2017 ;
- - refuser le hold up électoral perpétré par le régime
actuel en :
• exigeant la révision de la
Constitution non acceptée par tous,
• exigeant un CENI dont les
membres et le mode de fonctionnement soient acceptés par tous ;
• demandant l'ouverture de
toutes les radios privées fermées après le coup d'Etat ;
• garantissant la liberté
d'expression ;
• œuvrant pour la libération
des prisonniers d'opinion ;
• garantissant le respect des
droits civiques et politiques de tous les citoyens ;
• exigeant l’arrêt immédiat
des pressions politique et économique sur les opposants.
Destinataires:
Nations Unies, Union Européenne, Union Africaine, SADC, PNUD, OIF, Représentations étrangères à Madagascar, CENI
Nations Unies, Union Européenne, Union Africaine, SADC, PNUD, OIF, Représentations étrangères à Madagascar, CENI
************ ADRESSES MAIL DE DESTINATION ***********************
info@comesa.int;
Koen.VERVAEKE@eeas.europa.eu;
PNUD
CENI
Représentations étrangères à Madagascar
antananarivo.consular@dirco.gov.za,
antananarivo.admin@dirco.gov.za,
ukembant@simicro.mg,
Fax : (+261) 20 23 480 35 / (+261) 33 44 328 17
Fax 00261 / 20 / 22 266 27
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